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L’étude des animaux les plus infimes, autrefois si négligée, mais poursuivie aujourd’hui avec ardeur par des observateurs habiles et nombreux, est parvenue ainsi à jeter un jour nouveau sur les véritables rapports des êtres et sur les lois générales qui président au développement de la matière organique. Cette étude offre d’ailleurs un intérêt tout particulier au géologue, parce que ce sont les restes des animaux inférieurs qui ont fourni le plus de matériaux pour la composition même des terrains, et l’on pourrait presque dire en termes généraux qu’ils sont d’autant moins abondans que les animaux appartiennent à des classes plus élevées. Les ossemens des mammifères sont rares » disséminés dans les couches qui les renferment, et ne se rencontrent qu’accidentellement en amas considérables, dans la grotte de San-Giro, près de Palerme, celle de Kirkdale en Angleterre, celles du midi de la France, de l’Allemagne, de la Belgique. Les localités où l’on trouve en quelque abondance des restes de reptiles et de poissons sont aussi fort limitées : ce sont les environs de Lyme Régis en Angleterre, Solenhofen en Bavière, Glaris en Suisse, le Mont-Bolca en Italie. Au contraire, les crustacés dans les terrains extrêmement anciens, les mollusques dans toute l’épaisseur et l’étendue des terrains géologiques, se rencontrent en extrême abondance : les coquilles de ces derniers, répandues dans toutes les formations, y forment souvent de véritables couches qui s’étendent à de vastes distances. L’on trouve enfin des accumulations énormes déposées par des polypiers, et l’on reconnaît encore dans la structure des roches la disposition de ces réseaux arborescens dont les loges étaient autrefois occupées par de petits animaux, véritables cellules vivantes, groupées pour former un tronc commun. De nos jours ils bâtissent lentement leur demeure dans la Mer-Rouge, dans l’Océan Pacifique, sur les côtes de l’Afrique, de l’Amérique, de l’Australie, de la Nouvelle-Calédonie, sur les récifs et les atolls de l’Océan-Indien. Les îles Bermudes, Maldives, Laquedives, Chagos, ne sont que les crêtes les plus élevées de vastes chaînes coralliennes.

Descendons encore plus bas, arrivons à ces formes microscopiques que l’on comprend sous le nom général d’infusoires ; les uns forment un sable siliceux, fin, blanc, presque impalpable. La grande plaine de l’Allemagne septentrionale est sur une grande surface recouverte par ces infusoires, en partie seulement fossiles, d’après le savant prussien Ehrenberg. Ce sont les infusoires marins calcaires qui ont créé les dépôts les plus considérables, surtout dans le terrain crétacé et dans les terrains tertiaires. Ehrenberg a le premier débrouillé ce monde nouveau, il a classé ces petits êtres, qui présentent les formes les plus singulières et les plus variées. Quelques coquilles du groupe le plus important de tous, celui des foraminifères,