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de l’obligation du Crédit mobilier, et quelle est sa valeur, comparée à la classe des valeurs qui lui sont analogues ? La faculté d’émettre des obligations que s’est réservée le Crédit mobilier a-t-elle été mesurée par les statuts aux conditions de prudence et de sécurité que réclament les intérêts des tiers ? Enfin quelle serait la portée de cette faculté, si les circonstances permettaient au Crédit mobilier de l’exercer dans sa plénitude ? Nous allons répondre successivement à ces questions.

Les obligations amortissables à longue échéance représenteront pour le Crédit mobilier un emprunt qui peut s’élever à dix fois son capital, et pour leurs détenteurs une valeur de placement produisant un revenu fixe. Pour gage de cet emprunt, le Crédit mobilier offrira une somme de valeurs correspondante, telles que rentes publiques, actions et obligations de compagnies industrielles, valeurs acquises avec les ressources mêmes de l’emprunt. Son bénéfice, à l’émission de ces obligations, consistera dans une différence entre l’intérêt attaché à ces titres et celui auquel il pourra placer les sommes correspondantes à leur valeur. Mais ses obligations rencontreront longtemps encore sur le marché des placemens la concurrence d’une valeur analogue, celle des obligations de chemins de fer, il ne pourra donc pas attacher à ses obligations un revenu fixe et des conditions de remboursement inférieures au revenu fixe et aux conditions de remboursement de celles-ci : il est donc évident que ce n’est point en obligations de chemins de fer qu’il placera le produit des émissions de ses propres obligations, car il ne trouverait aucune différence d’intérêt à son profit dans un pareil placement. Le revenu des rentes publiques ne lui laisserait pas non plus de marge suffisante, il ne faut donc pas s’attendre à lui voir faire des placemens considérables en fonds publics. Restent les valeurs jouissant d’un revenu progressif, les actions ; celles-là en effet, les actions des compagnies qui sont en voie de prospérité, peuvent donner des dividendes supérieurs aux revenus fixes des obligations de chemins de fer et des rentes. C’est là surtout que se porteront les placemens du Crédit mobilier pour que ses émissions lui soient profitables. Les obligations du Crédit mobilier, analogues à celles des chemins de fer par les conditions de revenus et de remboursement, seront donc gagées principalement par des actions de compagnies industrielles.

Telle sera nécessairement la nature des obligations du Crédit mobilier. Nous n’hésitons point à dire qu’ainsi constituées (et elles ne sauraient l’être autrement), elles offriront comme valeur de placement moins de sécurité et de garantie que leurs analogues, les obligations de chemins de fer.

Qu’est-ce en effet que l’obligation considérée comme valeur de placement ?