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et d’examen qui manquent aux particuliers pour apprécier sainement la valeur intrinsèque ou l’opportunité des affaires qui leur sont présentées. — Dans les temps prospères, elle doit être un guide pour les capitaux empressés de trouver un emploi productif ; dans les momens difficiles, elle peut offrir des ressources précieuses pour maintenir le travail et modérer les crises qui sont le résultat d’un brusque resserrement des capitaux. — Le soin qu’elle aura de ne s’engager dans chacune des affaires auxquelles elle prendra part qu’avec une sage réserve, dans des proportions et pour un temps limités, lui permettra de multiplier son action, de féconder en peu de temps un grand nombre d’entreprises et de diminuer les risques de son concours par la multiplicité des commandites partielles. » A côté de ces explications, présentées par la société de Crédit mobilier elle-même sur la façon dont elle comprend son rôle comme banque de commandite, il n’est peut-être pas sans intérêt de placer ici un passage du rapport adressé à l’empereur parle ministre de l’intérieur, le 21 juin 1854, sur l’ensemble de son administration. La pensée de la création du Crédit mobilier est exposée en ces termes, au nom du gouvernement, dans le passage suivant du rapport ministériel :


« Entre tous les établissemens de crédit qui existent au monde, la Banque de France passe à bon droit pour être celui dont la constitution est la plus solide. Cette banque est à la fois pour notre commerce un point d’appui et un guide, et son influence matérielle et morale donne à notre marché une stabilité bien précieuse. Par la réserve et la prudence qui dirigent toutes ses opérations, cette admirable institution remplit donc à merveille le rôle d’élément régulateur ; mais le génie commercial, pour enfanter les prodiges dont il porte en lui le germe, a besoin surtout d’être stimulé, et précisément parce que la spéculation est contenue en France dans les plus étroites limites, il n’y avait aucun inconvénient et il y avait au contraire avantage à placer en regard de la Banque de France un établissement conçu dans un ordre d’idées tout différent, et qui représentât, en fait d’industrie et de commerce, l’esprit d’initiative.

« Le modèle de cet établissement était tout trouvé ; il suffisait de l’emprunter à un pays renommé pour la loyauté sévère, la prudence et la solidité qui président à toutes ses opérations commerciales. En mettant au service de toutes les idées justes et de toutes les entreprises utiles ses capitaux, son crédit et son autorité morale, la Société générale des Pays-Bas a multiplié en Hollande les canaux, les défrichemens, et mille améliorations qui ont rapporté au centuple le prix dont elles avaient été payées. Pourquoi ne pas faire profiter la France d’une institution dont une expérience aussi éclatante avait montré les avantages ? Telle est la pensée qui a déterminé la création de la Société générale du Crédit mobilier, autorisée par le décret du 18 novembre 1852.

« Aux termes de ses statuts, cette société peut, entre autres opérations,