Pour la plupart des lecteurs, une excursion dans le domaine des mathématiques pures diffère peu, par l’étrangeté des objets et du langage à étudier, d’un voyage à Tombouctou. Les termes de la géométrie, de l’algèbre, de la trigonométrie et de l’analyse infinitésimale sont tout aussi étrangers à beaucoup d’esprits que ceux de l’idiome ioloff ou bambara. Cependant à notre époque, où les résultats obtenus par les applications des théories mathématiques sont généralement admirés, il est naturel de s’enquérir des puissances mathématiques avec lesquelles l’esprit humain a remué le monde matériel, à peu près comme on recherche dans l’histoire quelles étaient l’organisation et les armes des peuples conquérans.
Un illustre savant s’exprimait ainsi il y a deux mois à peine[1] : « Depuis cinquante ans, les sciences physiques et chimiques ont
- ↑ M. Biot, dans le Journal des Savans du mois de mars 1856.