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LA
RÉGENCE DE TUNIS

LE GOUVERNEMENT DES BEYS ET LA SOCIÉTÉ TUNISIENNE.


De tous les états barbaresques qui ont été pendant longtemps des voisins si incommodes pour le midi de l’Europe, la régence de Tunis est celui qui offre les plus grands et les plus nombreux souvenirs : ce fut là que s’éleva Carthage, et ce fut de là que partirent plus tard les Arabes pour envahir l’Espagne, la Sicile et les parties les plus méridionales de la Gaule et de l’Italie. Enfin un souvenir particulier à la France, un souvenir à la fois national et religieux, se rattache pour nous à cette terre : saint Louis y mourut. Malgré tant de titres qui la désignent à notre sympathie, la régence de Tunis n’est encore cependant que peu fréquentée. Les voyageurs n’en visitent guère que la capitale, point d’arrivée de deux lignes de bateaux à vapeur, partant l’une de Marseille et l’autre de Gênes. Un séjour de cinq ans dans la régence m’a permis d’en parcourir l’intérieur dans tous les sens, et je puis dire que le beylik tunisien est la contrée du globe que je connais le mieux. Après avoir parlé avec quelque étendue de Tripoli, pittoresque marché qui unit le bassin de la Méditerranée à l’Afrique centrale[1] ; je crois donc utile de réunir ici quelques données sur un pays qui l’avoisine, et avec lequel la France a des rapports beaucoup plus intimes, soit directement, soit indirectement par l’Algérie.

  1. Revue des Deux Mondes du 1er octobre 1855.