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LE
CHEVALIER SARTI
HISTOIRE MUSICALE


V.

LA MUSIQUE MODERNE ET L’ÉCOLE DE VENISE.



I.

Le départ du chevalier Sarti pour l’université de Padoue avait été retardé à cause de la grande réunion qui devait avoir lieu au palais Zeno. On se rappelle[1] que l’abbé Zamaria, provoqué par les questions de quelques émigrés français et par les encouragemens du père de Beata, s’était engagé à raconter les vicissitudes de la musique de Venise, dont l’histoire se rattache d’une manière intime à celle de la musique moderne. Il avait prévenu ses auditeurs qu’il ne pouvait traiter un sujet aussi vaste sans parcourir d’un coup d’œil rapide les annales de la république de Saint-Marc, qui ajoutent un épisode si curieux à l’histoire de la civilisation italienne jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Le bruit de cette brillante académie s’était répandu dans tout Venise et y avait excité la plus vive curiosité. Tout le monde voulut assister à une solennité d’autant plus intéressante que les événemens extérieurs étaient plus menaçans pour l’existence de la république. Les invitations furent nombreuses, et jamais on n’avait vu dans un palais de Venise une réunion compo-

  1. Voyez, dans la Revue du 15 août 1855, l’Aristocratie vénitienne ; voyez aussi, pour les parties précédentes, les livraisons du 1er janvier et 15 août 1854, et 1er août 1855.