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JEAN-JACQUES ROUSSEAU
SA VIE ET SES OUVRAGES.


XIV.

ROUSSEAU ET MALESHERBES.[1]


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Je veux rechercher dans la Correspondance de Rousseau jusqu’en 1762, c’est-à-dire jusqu’à son départ pour la Suisse, ce qui se rapporte à sa vie et à ses idées, ce qui complète ou ce qui contredit ses Confessions ou ses ouvrages. Dans cette recherche, je rencontre les quatre lettres à M. de Malesherbes, écrites en 1762. Ces lettres sont importantes dans l’histoire de Rousseau : il s’y montre comme il veut être vu. De plus, elles expriment avec une admirable éloquence cet amour de la campagne que Rousseau finit par inspirer à son siècle. Les opinions et les sentimens de Rousseau dans sa Correspondance, ses rapports avec M. de Malesherbes, son amour pour la campagne, tels sont les trois points que je veux étudier aujourd’hui.

I.

J’aime mieux Rousseau dans sa Correspondance que dans ses Confessions ; il y est plus vrai, — non pas qu’en écrivant à ses amis Rousseau ne prenne pas quelque soin de son personnage : nous faisons toujours un peu de toilette, même pour recevoir nos amis, et nous

  1. Voyez cette série dans les livraisons du 1er janvier, 15 février, 1er mai, 1er août, 15 novembre 1852, 15 juin, 15 septembre, 1er décembre 1853, 1er août, 15 septembre, 15 décembre 1854, 15 juillet et 15 novembre 1855.