donc, en principe, donner lieu uniquement à des transactions de vente et d’achat et non à des opérations de prêt. On comprend le prêt sur effet de commerce, l’escompte, puisqu’il repose sur une opération industrielle ou commerciale qui n’est point encore réalisable en numéraire. On comprend le prêt sur hypothèque, puisque la propriété foncière ne peut se vendre par petites fractions, et que d’ailleurs la vente en est assujettie à des obstacles nombreux et à des charges onéreuses ; mais le titre de rente et l’action, grâce à leur forme mobilière, sont toujours réalisables en fractions aussi minimes que l’on veut et sont immédiatement en présence de l’acheteur. Reste la question du prix, lequel, pour cette sorte de valeurs comme pour les autres, est soumis aux rapports variables de l’offre et de la demande. Si le nombre des titres à vendre est plus considérable que les capitaux qui cherchent des placemens fixes, le prix des titres baissera ; s’il y a plus de capitaux à placer que de titres à vendre, le prix des titres s’élèvera. Tels sont les rapports qui déterminent le cours variable de ces valeurs sur leur marché, à la Bourse.
Mais entre les deux élémens de ce marché, entre le titré à vendre et le capital à placer, un troisième agent intervient, la spéculation, et c’est elle surtout qui donne lieu à l’opération du prêt sur dépôt de titres.
La spéculation est le calcul et la prévision des éventualités qui peuvent, dans un temps donné, déterminer le rapport de l’offre à la demande sur une valeur. Le spéculateur est celui qui emploie ses capitaux et dirige ses opérations suivant cette prévision et ce calcul. Sans vouloir en justifier les écarts et en déguiser les périls, il est permis de dire que, dans ses limites légitimes, la spéculation est une faculté naturelle de l’esprit humain, appliquant ses connaissances, ses informations, son jugement à régler ses intérêts suivant les chances de l’avenir. Rien donc de plus légitime et de plus régulier en soi que de vendre ou d’acheter à une échéance déterminée, à terme, suivant l’expression consacrée, une valeur que l’on possède ou que l’on peut payer, suivant que l’on prévoit que le prix de cette valeur aura dû à cette époque baisser ou monter. Le commerce, toujours basé sur l’appréciation d’élémens et de circonstances variables, serait impossible sans opérations de ce genre, et ces opérations s’appliquent merveilleusement au commerce des valeurs dont nous nous occupons. Leur forme, qui les rend d’une circulation si facile, les variations de leurs prix, qui dépendent de tant de circonstances financières et d’éventualités politiques, les rendent éminemment propres aux mouvemens de la spéculation ; mais le caractère de la spéculation est de ne point se renfermer dans ses limites naturelles et d’arriver d’un bond à son excès, qui est le jeu. Comme