de ses forces productrices réclame cette combinaison de crédit à laquelle on a donné le nom de commandite.
D’un côté, en effet, il y a des entreprises dont la création exige des capitaux trop considérables pour que des particuliers aient les moyens ou le courage de les tenter avec leurs seules ressources et à leurs risques personnels. Il peut souvent arriver aussi que ces entreprises répondent à un intérêt général : il serait dangereux alors d’en livrer la direction absolue aux intérêts particuliers d’un seul ou d’un petit nombre ; il est plus naturel et plus sûr d’appeler la généralité des intéressés à y concourir. D’un autre côté, un très grand nombre de ceux entre lesquels se répartit la masse des économies annuelles qui grossissent le capital d’un pays ne sont pas en position de faire directement eux-mêmes l’emploi de cette portion de leurs capitaux disponibles qui doit être appliquée à l’extension des entreprises existantes ou à la création d’entreprises nouvelles. Donc, entre l’intérêt de l’industrie réclamant la création d’entreprises qui ne peuvent être fondées qu’avec le concours de capitaux considérables et la masse des capitalistes qui ne sont point en état d’arriver d’eux-mêmes à employer productivement leurs fonds, il y a place pour un intermédiaire éminemment utile, ayant pour double fonction, d’un côté, de savoir discerner les entreprises dont la création donnera aux capitaux nouvellement formés l’emploi le plus avantageux pour le développement de la production et de la consommation, et, d’un autre côté, de rallier et de centraliser les capitaux épars et inhabiles à se diriger, dont l’association seule peut suffire à la fondation de ces entreprises.
C’est la combinaison financière à l’aide de laquelle les capitaux viennent s’associer à la création d’entreprises nouvelles que nous nommons commandite. C’est par elle que s’organisent les grandes compagnies, sociétés anonymes ou sociétés en commandite par actions, qui jouent en ce moment un si grand rôle dans notre vie économique. C’est sur cette combinaison financière qu’ont été établies nos grandes institutions de crédit, la Banque de France, le Comptoir d’escompte, le Crédit foncier, le Crédit mobilier, la construction de nos chemins de fer, l’exploitation de nos mines de houille, etc.
Il est aisé de saisir les différences qui existent entre le crédit commercial proprement dit et la commandite. On voit d’abord que l’action de ces deux formes de crédit s’exerce de deux façons diverses et sur deux élémens distincts.
Le crédit commercial accélère et régularise l’activité des entreprises existantes ; la commandite crée des entreprises nouvelles. L’un agit avec et sur les capitaux qui se meuvent sans cesse entre la production et la consommation ; l’autre agit avec et sur les capitaux qui