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laborieusement à réaliser 4,051,804 fr. sur son capital en actions. En y ajoutant les 2 millions prêtés par l’état, l’ensemble des fonds qu’il pouvait appliquer à l’escompte, cinq mois après sa fondation, ne s’élevait guère au-dessus de 6 millions. C’est avec ces faibles ressources, dont il avait à peine réuni la moitié en commençant ses opérations, que le Comptoir d’escompte de. Paris, au milieu d’une crise financière et commerciale sans exemple, prit la place des banquiers particuliers et des sociétés en commandite, qui, avant le 24 février, suffisaient à peine aux besoins de crédit de l’industrie et du commerce parisiens.

Les opérations du Comptoir, d’après l’article 7 de ses statuts, devaient se borner à l’escompte des effets de commerce payables à Paris et dans les départemens. Toute autre opération lui était interdite. Le Comptoir ne devait admettre à l’escompte (art. 8) que « des effets de commerce revêtus de deux signatures au moins, et dont l’échéance ne pouvait excéder cent cinq : jours pour le papier payable à Paris et soixante jours pour le papier payable dans les départemens. » Cependant pour les effets payables sur les places où il existe des comptoirs de la Banque de France, l’échéance pourrait être étendue à quatre-vingt-dix jours. Avant de voir le développement que prirent les opérations du Comptoir d’escompte ainsi définies, il faut parler d’un, nouveau rouage que l’on ajouta à cet établissement par l’institution des sous-comptoirs.

Lorsque l’effet, de commerce se présente à l’escompte, revêtu de deux signatures, il est, comme nous le disions tout à l’heure, l’expression d’une transaction commerciale. Il représente la valeur d’une marchandise qui a été achetée par le souscripteur de l’effet et vendue par celui au profit duquel l’effet a été souscrit, et qui vient le présenter à l’escompte. À vend sa marchandise à B et reçoit en paiement le billet de B à cent cinq jours ou à trois mois ; voilà l’opération commerciale, vente et achat, consommée. Si maintenant A, soit pour continuer ses opérations, soit pour faire face aux engagemens qu’il aura contractés lui-même dans des opérations antérieures ; a besoin d’échanger le billet de B contre de l’argent comptant, alors commence la fonction d’un établissement comme le Comptoir d’escompte. À lui présente l’effet souscrit par B ; il y ajoute sa signature, qui est la seconde, en le passant à l’ordre du Comptoir, et celui-ci lui en paie la valeur diminuée du taux de l’escompte. Dans ces conditions, qui sont les conditions régulières, l’escompte repose, comme on voit, sur la circulation de la marchandise : il n’est que la conséquence de l’activité commerciale dont il contribue ensuite par son intervention à accélérer le mouvement.

Mais l’on n’était pas dans ces conditions régulières un mois après