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du conseil d’état, » et fixaient la durée de cette société à trois années, à partir du jour où commenceraient les opérations. Le capital du Comptoir était fixé à 20 millions, composés d’un tiers en numéraire qui devait être fourni par les actionnaires, d’un tiers fourni en obligations par la ville de Paris, et d’un tiers fourni par l’état en bons du trésor. Les actions devaient être de 500 francs et au porteur, et le Comptoir était autorisé à commencer ses opérations aussitôt qu’il en aurait été souscrit cinq mille. L’état et la ville, ne voulant retirer aucun profit de leur intervention, renonçaient à toute participation aux bénéfices, qui devaient appartenir exclusivement aux actionnaires.

Le 10 mars, l’acte de société et les statuts étaient signés par les fondateurs ; le 15, le capital exigé par les statuts (5,000 actions) était souscrit, et le 18 le Comptoir commençait ses opérations.

La réunion de cette portion du capital, — le tiers, c’est-à-dire 6,666,500 francs, qui devait être fourni par les actionnaires, — fut, dans les circonstances où l’on se trouvait, une œuvre difficile. Le 18 mars, au début de ses opérations, sur les 5,000 actions souscrites, le Comptoir n’avait réalisé en espèces que 1,587,021 francs. Le trésor, pour parer à la grande difficulté du moment, la disette de l’argent, qui partout se resserrait, se cachait et fuyait les entreprises, avait décrété le 16 mars une allocation de 60 millions qui devaient être partagés entre les comptoirs d’escompte, à titre de prêts subventionnels. Sur ces 60 millions, une première avance de 1 million mit le Comptoir d’escompte de Paris en mesure de commencer ses opérations avec 2,587,000 francs en espèces. Du 18 mars au 31 août, le Comptoir parvint encore à encaisser sur les actions souscrites 931,910 fr. Pour compléter son capital, il eut en outre recours à une mesure justifiée par les circonstances. Il était naturel que les cliens du Comptoir, ceux à qui il rendait le service d’escompter leur papier, vinssent fournir leur part à l’achèvement du capital au moyen duquel ce service leur était rendu. Le Comptoir força ses cliens à devenir ses actionnaires, au moyen de la combinaison suivante. Une retenue, qui fut d’abord de 5 pour 100, fut opérée sur les bordereaux des effets escomptés par le Comptoir. Lorsque la somme de ces retenues arrivait au chiffre de 500 francs, elle était convertie en action et remise sous cette forme au client sur les bordereaux duquel elle avait été prélevée. Du 18 mars au 31 août, le capital du Comptoir s’était ainsi grossi de 1,241,970 francs. Enfin le trésor mit, le 21 août, à la disposition du Comptoir une nouvelle somme de 1 million, à valoir sur sa part dans la dotation de 60 millions affectée aux comptoirs d’escompte. Pendant ce premier exercice (du 18 mars au 31 août), le Comptoir d’escompte arriva donc