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Fanchonnette a été grand et a beaucoup contribué à celui de la partition nouvelle de M. Clapisson.

Pourquoi ne dirions-nous pas aussi que les Bouffes-Parisiens se sont transportés des Champs-Elysées au passage Choiseul, où ils font un tapage et un bataclan d’enfer? Franchement, Je préfère les saynètes et les étincelles musicales de M. Offenbach et de ses compagnons de Jeux à la fossette à beaucoup de grands in-folios. On s’amuse donc partout, excepté à l’Opéra.

Dans aucune ville de l’Europe, l’art de chanter n’est cultivé avec autant de zèle, de goût et de savoir qu’à Paris. Indépendamment des cours du Conservatoire de musique, confiés à des artistes éprouvés, comme M. Bordogni par exemple, beaucoup de maîtres habiles se partagent une nombreuse clientelle d’élèves empressés qui arrivent de tous les points de l’horizon, de l’Allemagne, de l’Italie même, de l’Angleterre, et qui vont ensuite remplir le monde de l’éclat de leurs succès. Parmi les professeurs qui ont fait de l’art de chanter une étude sévère et approfondie, nous devons citer surtout M. Panofka, homme éclairé, qui a publié il y a deux ans une excellente méthode de chant que nous avons appréciée ici même et dont le succès a confirmé le mérite. L’éditeur de M. Panofka a conçu l’heureuse idée de mettre à la portée de toutes les personnes qui s’occupent de musique vocale un choix des meilleurs morceaux de chant qui existent, tant dans les opéras modernes que dans les chefs-d’œuvre du passé. Cette publication intéressante, qui porte le titre bien Justifié de Répertoire du Chanteur, est divisée en livraisons dont chacune contient les morceaux appropriés à chaque espèce de voix : basse, ténor, contralto et soprano. Gravé avec beaucoup de soin, le Répertoire du Chanteur, qui tient lieu de toute une bibliothèque musicale, nous semble destiné à un succès vraiment populaire, car il ne faut pas se dissimuler que le problème à résoudre de nos Jours dans tous les genres de publications, c’est de s’adresser au plus grand nombre, sans abaisser le niveau des connaissances, en disant avec l’Évangile : sinite parvulos venire ad me.


P. SCUDO.