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DE
LA CITÉ DE DIEU
AU XIXe SIÈCLE

La Cité de Dieu de saint Augustin, traduction nouvelle de M. Émile Saisset, avec une introduction et des notes.


Rome venait de tomber sous les coups d’Alaric. Les païens, humiliés et désespérés, se vengeaient, en outrageant le christianisme, de l’outrage fait au nom romain. Révolté de leur injustice, enflammé de zèle pour la maison de Dieu, le grand défenseur de l’église, saint Augustin, prit la plume pour répondre à leurs blasphèmes et confondre leurs accusations. C’est lui-même qui nous explique ainsi l’occasion et le sujet de la Cité de Dieu. Quelle occasion et quel sujet ! Rome prise, le paganisme imputant à la foi nouvelle cette dernière chute, cette irréparable défaite de toutes les grandeurs du passé ; le christianisme à son tour renvoyant les torts à la civilisation ancienne tout entière, et opposant à cette cité fragile, qui s’était proclamée éternelle, une autre cité vraiment éternelle, qui ne doit s’accomplir que dans le sein de Dieu, mais qui commence déjà sur la terre dans l’âme de ceux qui croient et qui prient : voilà la Cité de Dieu, qui devrait être l’un des plus beaux livres du monde, si la perfection de l’art répondait toujours à la grandeur de la pensée, et si la pensée elle-même, dans ces temps de désastres et de renversemens, pouvait atteindre à toute sa force. Et cependant, tout imparfait qu’il soit, ce livre est encore le monument le plus considérable de la philosophie chrétienne des premiers siècles, l’œuvre la plus vaste et