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LA GUERRE
ET
LA CONFÉRENCE


Après deux années d’une guerre cruelle, la paix semble devoir être bientôt rendue au monde, et l’immense majorité des hommes salue son retour des plus douces espérances. C’est en vain que quelques esprits moroses et défians nous rappellent qu’il y a encore bien du chemin entre la coupe et les lèvres : l’opinion se précipite avec confiance pour saisir cette coupe enchantée. Elle n’hésite nulle part, même parmi ceux qui avaient espéré de la guerre un résultat tout autre que celui qu’elle a produit. On a beau invoquer les souvenirs de l’année dernière, nous remettre sous les yeux le texte des dépêches et des protocoles qui montrent qu’avant d’entrer à la conférence de Vienne, la Russie avait, comme aujourd’hui, accepté sans réserve les principes énoncés dans les notes du 8 août, qu’on lui demandait de convertir en traité ; on a beau faire ressortir que cette acceptation n’était venue qu’après de longues négociations qui ne permettaient de supposer aucun doute dans l’esprit de la Russie sur le sens des quatre points de garantie ; on a beau enfin nous rappeler que, malgré tout cela, elle ne s’est fait aucun scrupule de manquer à l’engagement moral qu’elle avait contracté : il n’importe, on ne tient pas compte de ces considérations, et l’on persiste à croire au prochain retour de la paix. Nous espérons pour notre part que l’opinion publique ne se trompe pas, et nous croyons que l’examen de la situation politique et morale faite par les événemens à toutes les puissances engagées ou intéressées dans ce grand débat prouvera que, si la paix ne sort pas