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à fermer ces comptoirs. Sous la monarchie de 1830, et à partir de 1836, elle renouvela ces tentatives avec plus de succès. Au moment de la révolution de 1848, elle avait organisé des comptoirs dans quinze villes, d’une importance commerciale secondaire : Reims, Saint-Étienne, Saint-Quentin, Montpellier, Grenoble, Angoulême, Besançon, Caen, Châteauroux, Clermont-Ferrand, Mulhouse, Strasbourg, Le Mans, Nîmes et Valenciennes. À côté de la Banque de France et des comptoirs des villes secondaires, les grandes villes étaient servies par des banques locales indépendantes. Il existait neuf de ces banques (Rouen, Lyon, Marseille, Lille, Le Havre, Toulouse, Orléans, Nantes et Bordeaux) au moment de la révolution de février. L’obligation où fut le gouvernement de la république de décréter le cours forcé des billets de la Banque de France et des banques locales, la confusion et les difficultés pratiques produites sous le régime du cours forcé par la diversité d’origine et de circulation des billets de ces établissemens indépendans les uns des autres nécessitèrent une mesure nouvelle. Le gouvernement décréta la réunion des banques locales à la Banque de France. Depuis cette époque, la Banque a créé quatorze nouvelles succursales, à Metz, Limoges, Angers, Rennes, Avignon, Troyes, Amiens, La Rochelle, Nancy, Toulon, Nevers, Dunkerque, Arras et Dijon. Les comptoirs de ces trois dernières villes, décrétés l’année dernière, sont en voie d’organisation. Aujourd’hui donc le crédit commercial de la France est desservi par un établissement unique, la Banque, appuyée sur trente-huit succursales.

On peut diviser en trois catégories distinctes les avances que fait la Banque de France : avances sur effets de commerce, qui constituent les véritables opérations d’escompte ; avances sur nantissement d’effets publics et de valeurs industrielles ; avances à l’état.

L’escompte est, comme nous l’avons vu, la destination essentielle des banques. Les opérations d’escompte de la Banque de France ont été loin, à l’origine, de donner à prévoir l’extension qu’elles devaient prendre un jour.

L’année de sa fondation, la somme des effets escomptés par la Banque ne monte qu’à 112 millions de francs. Le chiffre le plus élevé qui ait été atteint sous l’empire est 715 millions pour l’année 1810, et sous la restauration, 688 millions pour 1826. C’est sous la monarchie de 1830 qu’une rapide progression des escomptes se manifeste. En 1837, le chiffre des escomptes réunis de la Banque de France et des banques départementales commençait à dépasser 1 milliard. En 1847, cette somme était presque triplée : les valeurs escomptées s’élevèrent à 2 milliards 659 millions. Le recul fut immense sous la république, on tomba à 1 milliard 25 millions en