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temps, séduit par la fortune de ces établissemens, on se dispute leurs actions, les crédits mobiliers deviennent une mode européenne. On veut avoir des chemins de fer pour abréger les distances, rapprocher la production de la consommation, accélérer tous les services matériels de la vie, et l’on veut aussi faire des chemins de fer pour avoir des actions au pair et profiter de la plus-value, de la prime que gagneront ces actions. C’est une grande et belle chose, par exemple, d’avoir mis la Méditerranée à vingt heures de Paris, et c’est une bonne fortune d’avoir eu au pair des actions de la Méditerranée et de les voir sur le bulletin de la Bourse cotées à 1,500 francs, c’est-à-dire à 1,100 francs de prime. En un mot ces grandes affaires, organisées en sociétés par actions, ont au premier abord ce double caractère de répondre à la fois à des intérêts généraux et d’associer la spéculation à leurs chances.

En 1852, au moment où l’impulsion a été donnée au mouvement que nous nous proposons de décrire, ces deux conditions se réunissaient au milieu de circonstances qui devaient ajouter une énergie extraordinaire à leur influence sur le public. L’élan que la construction des chemins de fer et l’organisation des grandes compagnies avaient pris à la suite de la loi de 1842, qui avait fixé les principes du réseau français, avait été violemment interrompu par la révolution de 1848. Quelques grandes lignes, celles d’Orléans, du Nord, de Rouen, de Strasbourg à Bâle, d’Avignon à Marseille, étaient déjà construites et exploitées; d’autres, celles de Bordeaux, de Strasbourg, de Nantes et du Centre, étaient en construction. La révolution ébranla l’industrie des chemins de fer comme les autres. On se borna pendant la république à achever les dernières sections des grandes lignes concédées depuis 1842. L’état entreprit l’achèvement et l’exploitation de la ligne de Lyon; mais on ne commença aucune ligne nouvelle : la république nous avait, en fait de chemins de fer, retardés et arriérés. Il y avait donc là un grand intérêt public en souffrance, et après le coup d’état du 2 décembre il fut facile au nouveau pouvoir, que ne gênait plus aucun obstacle, de donner à cet intérêt une prompte satisfaction en liquidant l’arriéré laissé par la république. Le gouvernement ne se contenta point de décréter l’exécution des grandes lignes qui manquaient à notre réseau, comme celle de Lyon à Avignon et le chemin de fer du Midi, de concéder les lignes secondaires qui devaient se rattacher aux artères principales et faire participer les départemens éloignés aux avantages des nouvelles voies de communication. Il s’agissait d’associer les intérêts particuliers à la satisfaction de cet intérêt général, en transformant pour eux en excellentes affaires ces grandes entreprises qui devaient être accomplies par eux. Le nouveau gouvernement, avec la