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fut renversé du choc. Maintenant on administre l’électricité avec de petits appareils analogues à la pile pour le courant électrique, et qui sont très efficaces sous un très faible volume. Chaleur, lumière, composition et décomposition chimique des corps, transport des substances sous forme invisible, sécrétions organiques dans les plantes et les animaux, messages télégraphiques, travail moteur, tout est exécuté par cet agent sans poids, imperceptible à notre vue, et aussi mystérieux dans le bâton de cire à cacheter qui, frotté sur un habit, attire un fil léger que dans le nuage orageux où il constitue la foudre. Ainsi, après avoir fait travailler l’air, l’eau et le feu, le génie de l’homme a su prendre pour collaborateur le fluide même de la foudre, et, chose étonnante, ce redoutable agent physique s’est montré le plus docile et le plus apprivoisé de tous ceux que l’intelligence avait conquis sur la nature matérielle.

L’exposition universelle a vu et apprécié les résultats obtenus par MM. Hulot et Coblence. M. Coblence reproduit une page portant une vignette et un texte imprimé de telle manière qu’on peut la tirer à l’impression comme un stéréotype, réduisant ainsi la reproduction d’un ouvrage à figures intercalées au même degré de facilité que la reproduction typographique ordinaire. Quant à M. Hulot, outre ses admirables spécimens de billets de banque, de timbres-poste tirés à plusieurs milliards, et ses clichés sans pareils, on peut dire que dans le modelage et la reproduction des gravures il a atteint les dernières limites de l’art. Ses ateliers à la Monnaie sont des installations tout à fait scientifiques. Au grand honneur de la science et de l’industrie, on a vu à la distribution des récompenses de l’exposition MM. Hulot et Coblence, le savant et l’ouvrier, recevoir ensemble cette décoration à laquelle l’estime de la France a donné une si haute valeur.

À l’une des dernières séances de l’Académie des Sciences, un galvanoplaste de première distinction, M. Lenoir, a montré des bronzes d’un fini parfait et d’une épaisseur tout à fait uniforme en même temps qu’ils étaient fort légers. L’invention consiste dans l’idée que M. Lenoir a eue d’introduire dans le creux du moule un ou plusieurs fils métalliques conducteurs qui répartissent le dépôt métallique également sur toute la surface intérieure du creux. On peut ainsi atteindre à des figures de toutes les dimensions. La statue se trouve produite tout d’une pièce sans soudure et sans travail d’ajustement, travail coûteux, souvent périlleux et toujours peu artistique. Plusieurs des pièces mises sous les yeux de l’Académie étaient de vrais chefs-d’œuvre de modelé et de distribution du métal plastique. Il va sans dire que tous les galvanoplastes qui arrivent aux travaux d’art confectionnent également tous les objets d’ornement, dont le nombre est déjà immense, car tout ce qu’on peut demander sans risque au travail galvanoplastique, on se garde bien d’essayer de le produire par les anciens procédés du feu et de la fusion, qui tourmentent les moules et ne tirent pas à beaucoup près aussi fin.

L’esprit des procédés galvanoplastiques, c’est donc en général une plus grande perfection du travail artistique jointe à une réduction considérable dans le prix des produits. Quant à ce qu’on appelle le tour de main, c’est-à-dire l’emploi bien entendu d’un nombre considérable de petites précautions qui semblent autant de recettes individuelles, on ferait plus d’un volume de celles que chaque opérateur en grand préconise à juste titre comme gage de succès, et ces prétentions sont légitimées par la beauté des résultats