La préoccupation constante et le secret tourment de l’Allemagne au xixe siècle, c’est le désir, disons mieux, c’est le besoin de quitter la vie contemplative pour les épreuves de l’action, et de marquer enfin sa place parmi les nations viriles de l’Europe. Que de fois, depuis quarante ans, n’a-t-elle pas espéré que l’heure de cette transformation était venue ! Que de fois aussi, hélas ! emportée par une sorte d’excitation fébrile, on l’a vue faire violence à ses traditions séculaires, se révolter contre son propre génie et rejeter avec injure l’héritage de ses ancêtres, au lieu de l’enrichir d’acquisitions nouvelles ! Ces folles équipées ont toujours une conséquence inévitable : on abandonne bien vite les principes qui ont trompé notre attente, et de l’exaltation à l’abattement la distance n’est pas longue. Espoir, impatience, découragement, voilà les trois phases qu’a traversées de nos jours la vie publique de ce grand pays, et qui expliquent trop bien sa situation présente.
Voyez l’Allemagne vers 1815 : encore toute remplie des émotions de cette guerre qu’elle appelle fièrement la guerre de délivrance,