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PHYSIOLOGIE

DE LA PRODUCTION DU SUCRE DANS L’ÉCONOMIE ANIMALE.
M. CLAUDE BERNARD ET SES ADVERSAIRES.


De toutes les sciences, celle que les gens du monde devraient le mieux connaître, celle qui peut inspirer le plus de curiosité aux hommes même que leurs occupations, leurs plaisirs ou leurs goûts éloignent des études scientifiques, c’est, sans contredit, la physiologie. Il est sans doute intéressant de savoir d’une manière générale comment se passent les phénomènes célestes, quelles senties causes des éclipses ou des marées, d’apprendre les grandes divisions des trois règnes de la nature, et de pouvoir expliquer par la chimie les faits de tout genre qui se passent journellement sous nos yeux ; mais il est encore plus attachant pour tout homme qui réfléchit de passer du monde extérieur à l’intérieur même de l’organisation, et de quitter en quelque sorte la forme pour le fond des choses. On serait même étonné que cette science, qui nous apprend comment nous marchons, nous respirons et parlons, qui peut-être un jour nous fera pénétrer jusqu’aux plus secrets liens de l’organisme avec la pensée et la volonté, ait été longtemps, sinon négligée, du moins entourée de mystères, d’erreurs et de préjugés, et que la physiologie soit une science toute moderne, si l’on ne savait bien que l’esprit humain, compliqué dans sa nature, ne marche pas méthodiquement, et que les idées les plus simples sont aussi les plus tardives.