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mètres carrés ; à 200 millions, l’évaporation rien sera pas moins de 4 millions de mètres cubes par jour. Il pourra donc être nécessaire, pour remplacer une partie des eaux du Nil, de faire intervenir par momens les marées de la Mer-Rouge ; il sera prudent d’y avoir égard dans les travaux de Suez. Tout ce qui précède nous met en devoir de fixer la largeur de la branche de Timsah et de la rigole transversale à un minimum de 50 mètres à la ligne d’eau, et la largeur des quatre branches secondaires à 40 mètres ; les écluses auront 12 mètres de large sur 60 de long.

Quant aux deux branches principales que le canal coupe en aval de Rosette et de Damiette, on y établira à chaque embouchure un barrage à l’effet de relever le plan d’eau au niveau de celui du canal, soit de 2 mètres environ, et le fleuve sera endigué en amont jusqu’au point où le remous dû au barrage se fera sentir. Si on accepte la cote 19 mètres pour les hautes eaux au Caire, la pente supposée uniforme jusqu’à la Méditerranée serait pour un parcours de 160 kilomètres d’environ 0m12 par kilomètre, et un endiguement de 17 kilomètres suffirait pour racheter la différence de niveau du fleuve et du canal ; nous le portons à 40 kilomètres de long sur chaque branche, afin de tenir compte des sinuosités du Nil et d’éviter dans nos évaluations toute erreur en moins.

D’après ce qui vient d’être exposé, un fait doit frapper : c’est que le nouveau canal entre en relations avec l’intérieur de l’Égypte, soit par les branches du Nil qui deviennent ses affluens, soit par un système de canaux dont les uns existent, dont les autres sont à créer, tous faisant en quelque sorte corps avec lui, tous servant à la fois à la navigation et à l’arrosage, de telle manière qu’en appliquant les eaux égyptiennes à un usage universel, il en multiplie les applications à l’usage particulier du pays. Ses relations avec la Méditerranée ne concourent pas moins à l’amélioration des communications maritimes du Delta.

Après avoir réuni toutes les eaux qui ne servent pas à l’irrigation, le canal doit rendre à la mer l’excédant qui ne serait pas consommé par l’évaporation, les infiltrations, et les mouvemens d’entrée et de sortie des bâtimens à Suez et à Alexandrie. Sans doute, aux embouchures de Rosette et de Damiette, on aurait pu se contenter d’établir, immédiatement après le bief du canal, un barrage avec écluse, en conservant en aval le lit et les berges du fleuve dans l’état actuel ; mais il vaut mieux endiguer chacune des deux branches jusqu’à proximité de son embouchure, et fonder en ce point un barrage écluse avec sas pour le passage des navires et écluse de chasse pour approfondir le chenal. On donnera au sas une largeur de 15 mètres sur 75 de longueur. La même disposition devra être adoptée à l’embouchure du canal d’arrosage et de navigation qui sera dirigé