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en communication, ainsi que le gouvernement égyptien en a depuis longtemps le projet. En se continuant au sud du lac Menzaleh, elle forme un second bief qui s’étend depuis Mansourah sur la branche de Damiette jusqu’à un point situé entre l’extrémité de ce lac et le lac Ballah, point où elle se relie au canal des deux mers en lui fournissant le contingent de ses eaux. Enfin, au besoin, le canal disposerait, pour la section comprise entre Suez et les lacs amers, des eaux de la Mer-Rouge à marée haute. On voit qu’il n’y a plus lieu à l’accusation d’un détournement du fleuve ; le nouveau canal, en s’établissant sur les parties extrêmes de ses branches principales ou secondaires, ne fait que s’interposer entre leurs eaux déjà utilisées et les lacs ou la mer, afin de les utiliser une dernière fois. Au lieu d’épuiser le Nil, il le rendrait plutôt inépuisable.

Et l’alimentation est garantie par toutes les mesures adoptées. Le niveau de la rigole transversale est déterminé de façon à donner une pente suffisante et un écoulement facile vers le canal aux quatre branches secondaires qui s’y rendent et partent, trois du bief compris entre les branches de Rosette et de Damiette, une du bief à l’est de la branche de Damiette. En outre, afin que cette rigole soit navigable durant l’étiage, alors qu’elle ne recevra que peu d’eau des canaux supérieurs, elle doit pouvoir en prendre aux deux branches principales, et elle y est rattachée par des écluses. C’est d’après ces données que seront décidés la position des écluses et le tracé de la rigole, qui n’a qu’une valeur de simple indication jusqu’au nivellement complet du cours du Nil et du terrain. — Il est donc hors de doute que, même en basses eaux, la profondeur de 8m50 sera parfaitement maintenue dans la partie nord et nord-est du canal.

La partie sud, pendant la crue, est exclusivement alimentée par la branche de Timsah, dont les dimensions et la pente seront calculées en conséquence, et dont nous avons dit l’importance dans le projet nouveau. Sans pouvoir encore préciser le point de rattachement au Nil, afin de n’être pas obligés à une élévation artificielle des eaux du fleuve dans cette branche, nous reportons la prise d’eau en amont de celle de l’amnis Trajanus ou du canal d’Amrou, et nous en augmentons la longueur. Elle en aura plus de terrains à fertiliser, et, pour donner à ses distributions plus de portée, nous la tenons, dans son trajet jusqu’au lac Timsah, sur les parties hautes de l’Ouadi-Toumilat. C’est par cette branche qu’à l’époque des crues, les lacs amers et la portion du canal comprise entre ces lacs et Suez formeront un bief d’eau douce favorable à la culture. Lors de l’étiage, il serait possible à la rigueur de maintenir ces lacs en eau douce et au niveau normal. Toutefois l’évaporation enlèvera chaque jour une tranche de 0m 02 de hauteur à leur superficie, et, quoique nous nous proposions de la réduire par des endiguemens de 330 millions de