dont les facultés, dont les études s’accordent avec la tâche qu’elle leur confiera. Pour atteindre ce but, il serait nécessaire de déroger aux habitudes consacrées, et de ne pas accepter sans réserve les droits attriiués par l’usage aux pensionnaires de l’Académie de France à Rome. Qu’un lauréat vive cinq ans en Italie aux frais de l’état, qu’il s’instruise, qu’il étudie, qu’il travaille librement sans souci du lendemain, c’est déjà un assez beau privilége. Je ne comprends pas que ces cinq années de loisir, je veux dire de travail indépendant, dégagé de toute préoccupation, constituent pour l’avenir un titre à la préférence de radministratiou. Et cependant, pour me servir d’une expression vulgaire, les pensionnaires de Rome écrément les travaux du gouvernement. Si pourtant les lauréats de l’Académie ne sont pas préparés par leurs études à la conception, à l’exécution d’un monument, il faut bien jeter les yeux sur d’autres noms. En appelant M. Clésinger, qui n’est pas lauréat, l’administration s’engageait dans la voie que j’indique ; malheureusement sa préférence n’a pas été justifiée. Ce n’est pas une raison pour ne pas choisir à l’avenir en dehors des pensionnaires, lorsqu’ils ne présentent pas de garanties suffisantes.
J’ignore si les statues équestres de Louis XIV et de Napoléon, qui doivent décorer le nouveau Louvre, sont dès à présent données. Si l’administration n’a pas encore pris d’engagement, l’occasion est bonne pour réparer l’échec éprouvé par M. Clésinger. Parmi les pensionnaires qui ont dessiné la Famille de Balbus au musée de Naples, y en a-t-il un qui ait prouvé son aptitude pour la composition d’une statue équestre ? y en a-t-il un qui soit naturellement désigné pour représenter Louis XIV ou Napoléon ? Toute la question est là. Quoique les costumes du xvir et du xix siècle ne se prêtent pas facilement à la sculpture, il y a cependant moyen de prouver aux plus incrédules que MM. Bosio et Seurre n’ont pas épuisé les ressources de l’art. L’œuvre de Bosio est ridicule, l’œuvre de M. Seurre n’est que vulgaire. Louis XIV et Napoléon entre les mains d’un artiste habile peuvent donner quelque chose de mieux. Sans recourir au manteau romain, que le bon sens proscrit, il n’est pas défendu d’assouplir le costume réel, et je nourris la ferme confiance qu’un sculpteur habile résoudra cette difficulté. Avant tout, puisqu’il s’agit de deux statues équestres, il est indispensable d’appeler un homme qui connaisse la forme et les mouvemens du cheval. Fût-il cent fois capable de modeler une figure humaine, s’il ne sait pas l’asseoir en selle, s’il ne sait pas placer les pieds dans les étriers, mettre la bride dans la main, il ne fera jamais qu’une œuvre incomplète, insuffisante. Il y a tel pensionnaire qui conçoit très bien une statue debout, et qui se trouverait fort empêché s’il avait à faire un cheval. Ses travaux en effet ne l’ont pas préparé à l’accomplissement de cette tâche. Quoique l’antiquité nous ait laissé plus d’une leçon en ce genre, les professeurs de l’école de Paris sont habitués à traiter la forme et les mouvemens de toutes les figures qui ne sont pas la figure humaine comme une chose secondaire. Aussi, lorsqu’on a besoin d’une statue équestre, professeurs et lauréats sont presque toujours pris au dépourvu.
Toutes les conditions que je viens d’énumérer, qui semblent au premier aspect si difficiles à réaliser, se trouvent pourtant réunies dans un homme