couleurs variées apparaître dans des salles obscures, là où il n’existe aucune substance capable de développer une action chimique ou phosphorescente, et en l’absence de tout appareil ou instrument susceptible d’engendrer l’électricité ou de produire la combustion ; qui entendent une singulière variété de sons produits par des agens invisibles, tels que des tapotemens, des bruits de scies ou de marteaux, des rugissemens de vent et de tempête, des concerts de voix humaines ou d’instrumens de musique ; ceux-là, dis-je, pensent, comme les camisards et les jansénistes, que la puissance du ciel est ici révélée, et qu’il en doit résulter des conséquences prodigieuses pour le genre humain. Seulement, comme il n’est plus question, à notre époque, d’une persécution particulière contre des calvinistes ou des jansénistes, d’autres objets sont en vue, et il ne s’agit de rien de moins que de modifier par là les conditions de notre existence, la foi et la philosophie de notre siècle, ainsi que le gouvernement du monde.
Les annales de la sorcellerie, de la possession, de la vision, de l’extase, de la convulsion, sont très considérables, et je n’ai voulu qu’y prendre quelques traits, afin de signaler la continuité du phénomène. Ce n’est rien de nouveau qui se manifeste aujourd’hui. Quelque loin que l’on remonte dans l’histoire, on aperçoit de nombreuses traces qui témoignent que nul siècle n’a été exempt de telles perturbations. Elles renaissent pour périr, elles périssent pour renaître ; elles sont comme les maladies qui ne quittent jamais l’espèce humaine, et que l’on retrouve aussi bien dans les antiques sociétés que dans les modernes, avec un fonds toujours le même, bien qu’avec des traits diversifiés, non-seulement suivant les lieux et la géographie, mais aussi suivant les temps et la chronologie. De même entre les cas particuliers du phénomène général qui m’occupe ici règne une analogie fondamentale, qui n’empêche pas des variétés en rapport avec le temps et le lieu : ainsi on n’a signalé nulle part ailleurs que dans l’événement contemporain, à ma connaissance du moins, les tournoiemens de tables, cette agitation des meubles et, ces tapotemens.
Je n’ai pas besoin de rappeler que ceux qui sont agens et patiens dans ces déplacemens de meubles et ces tapotemens les attribuent, ainsi que le reste, à une agence surnaturelle ; je n’ai pas besoin d’ajouter non plus que telle fut aussi l’opinion de l’antiquité et du moyen âge pour les manifestations analogues qui eurent lieu dans ces époques. Toutefois il vint un moment où une opinion qui était appuyée d’une part sur le témoignage en apparence le plus évident des sens, et d’autre part sur les témoignages les plus respectés, fut