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LE
CANAL DE SUEZ
ET
LA QUESTION DU TRACÉ

Le projet d’une communication entre la Méditerranée et la Mer-Rouge est accueilli par l’Europe, les résultats immense en sont unanimement reconnus : il n’y a désaccord que sur la question du tracé. On se partage entre le tracé direct de Suez à Peluse, proposé par MM. Linant et Mougel, ingénieurs du pacha d’Égypte, et le tracé indirect d’Alexandrie à Suez, proposé par M. Paulin Talabot[1]. Ce débat dure depuis près d’une année.

Le tracé du canal des deux mers est-il un problème d’art pur, et du domaine réservé des savans et des ingénieurs ? Personne ne le croira. Loin d’être exclusivement technique, la question est à la portée de tous par ses aspects généraux, par les conséquences dont telle ou telle solution affecte les intérêts du pays traversé et ceux de l’Europe. C est une question vitale, et qui veut être résolue conformément à ce programme avoué de la raison publique : satisfaire aux lois de l’art et de la science, rendre autant que possible le tracé profitable pour la navigation, le commerce de l’Europe, et avantageux pour l’Égypte ; en un mot faire du canal un monument d’utilité réciproque pour les nations transitaires et pour la région du parcours. C’est ce programme qui sera notre règle souveraine dans l’étude que nous essayons.

  1. Voyez la Revue du 1er mai 1855.