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brages : on craindrait ou on affecterait de craindre qu’il ne travaillât secrètement à rétablir Rosas, et le nom de Rosas derrière le sien serait un obstacle insurmontable à l’affermissement de la paix sur les bords de la Plata.

Il n’y a déjà que trop d’imprudences et de passions qui la compromettent. Ainsi les factieux qui ont échoué à Montevideo ont été reçus à Buenos-Ayres avec enthousiasme, ce qui n’est pas de nature à rendre fort amicales les relations des deux pays ; ainsi, le président du Paraguay, qui aime les procédés sommaires, et qui se croit suffisamment défendu par son éloignement, se fait une querelle avec la Confédération Argentine, quand il n’a pas encore réglé son différend avec le Brésil, qui saisit habilement cette occasion de renouer ses rapports diplomatiques avec son ancien allié le général Urquiza. C’est aussi pour une question de frontières que le docteur Lopez a rompu avec le gouvernement du Parana ; mais c’est une question qui touche à celle de la liberté de navigation sur les affluens de la Plata, parce qu’il s’agit de savoir à qui appartiennent le cours inférieur et les embouchures du Vermejo et du Pilcomayo. Les puissances maritimes qui ont conclu avec le général Urquiza les traités de 1853 auraient donc peut-être quelque chose à voir dans ce débat. Nous souhaitons qu’elles ne laissent pas porter atteinte à leurs droits, et qu’elles contribuent autant que possible, par l’action désintéressée d’une haute et bienveillante influence, à maintenir la paix et à rétablir l’union de toutes les provinces argentines sous une forme différente de l’ancien monopole commercial et politique dont Buenos-Ayres était resté en possession. Alors ces belles contrées ne seraient pas ouvertes en vain à l’émigration européenne qu’elles appellent, et qui dédommagerait amplement le gouvernement de la confédération des sacrifices qu’il ferait pour l’y attirer de plus en plus, quand il pourrait, libre de ses préoccupations actuelles, disposer de toutes les ressources d’un grand pays, vivant pour la première fois d’une vie commune.

ch. de mazade.


ESSAIS ET NOTICES.

LE MINISTÈRE ANGLAIS À L’OUVERTURE DU PARLEMENT.

La session du parlement anglais vient de s’ouvrir. De nouvelles luttes vont s’y engager devant l’Europe attentive. Quelle est la situation du cabinet au moment où il se retrouve en face des représentans légaux du pays ? Quelles sont ses chances de succès ? Quel est le caractère de l’opposition qu’il aura à combattre ? Ce sont là des questions qu’il n’est pas sans intérêt d’examiner. Indépendamment de l’opportunité qu’elle présente, cette étude se justifie par plusieurs motifs. De profondes modifications se sont produites depuis quelques mois dans l’attitude des principaux chefs de partis, et s’il n’était pris note des causes qui les ont amenées, on finirait par ne plus rien comprendre aux débats dont nous allons être témoins, tant les rôles y paraîtraient quelquefois brouillés et confondus. En outre, il est