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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 janvier 1856.

L’atmosphère politique de l’Europe s’est éclairée tout à coup d’un rayon inattendu, un rayon de paix et de concorde. La Russie a souscrit simplement, sans conditions et sans réserves, aux propositions que l’Autriche s’est chargée récemment de lui communiquer. Si ce n’est point absolument encore la paix, c’est du moins, on n’en peut disconvenir, le pas le plus sérieux, le plus décisif qui ait été fait vers la fin de la guerre depuis que la crise actuelle a pris naissance. Une circonstance a servi peut-être à accroître l’effet de la décision du cabinet de Saint-Pétersbourg : cette décision est venue à un moment où on désespérait presque d’un dénoûment pacifique, où on commençait à craindre que la Russie ne cherchât à éluder encore par quelque réponse évasive la netteté des propositions autrichiennes. On touchait déjà au terme que le cabinet de Vienne avait assigné pour prendre lui-même une résolution en cas de refus. En même temps les armemens formidables pour une campagne nouvelle, si elle devenait nécessaire, se poursuivaient de toutes parts avec un redoublement d’activité. Un conseil de guerre siégeait et délibérait à Paris. La continuation des hostilités semblait être dans toutes les prévisions, comme elle paraissait ressortir de tous les symptômes. C’est à cet instant que la Russie a jeté dans la balance le poids de son acceptation entière et absolue, et a ranimé toutes les espérances de paix. Une autre circonstance peut aider à mesurer la portée de la dernière décision du tsar. Par ce qu’on a nommé les contre-propositions russes, qui ont été transmises à Vienne au commencement du mois, le cabinet de Saint-Pétersbourg ne déclinait point absolument les propositions autrichiennes, mais il leur faisait subir certaines modifications. Il offrait de renvoyer aux conférences la question de la rectification des frontières à l’embouchure du Danube ; il indiquait quelques changemens de rédaction au sujet de la neutralisation de la Mer-Noire. Enfin il demandait, à ce qu’il paraît, qu’on écar-