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lieu d’eau, pour déplacer le jus sucré que contient la betterave. Le résidu consistant qu’on obtient ainsi peut être mêlé, tout humide, encore chaud, avec les fourrages hachés, les balles de grains ou menues pailles qui doivent composer la ration alimentaire, et qui varient suivant que cette ration est destinée à l’élevage, à l’entretien ou à l’engraissement des veaux, bœufs, taureaux, génisses à l’engrais, aux vaches laitières ou aux moutons. — Ce procédé, avons-nous dit, est d’une exécution facile. Les betteraves, nettoyées comme à l’ordinaire dans le laveur mécanique, sont divisées en petits prismes ou courtes lanières au moyen d’un coupe-racines. Cette sorte de pulpe grossière, jetée dans un cuvier à douille fond percé de trous, est arrosée par la vinasse sortant bouillante de l’alambic et légèrement acidulée. Après trente ou quarante minutes d’immersion, le liquide chargé du jus sucré est déplacé par une nouvelle quantité de vinasse. On comprend que cette sorte de lessivage méthodique donne un premier liquide plus sucré que l’on dirige vers les cuves à fermentation, tandis que les liquides moins sucrés des deuxième et troisième additions de vinasse servent à commencer l’arrosage et l’immersion d’une autre quantité de pulpe neuve. Par une innovation heureuse due au même inventeur, la fermentation s’obtient active et régulière en faisant continuellement écouler les liquides ou jus sucrés dans une grande masse d’un jus semblable, déjà en pleine fermentation depuis seize ou vingt-quatre heures. Dès que la fermentation dans une cuve est arrivée à son terme, on envoie la moitié du liquide vineux dans une cuve disposée de même, qui doit se remplir graduellement de jus sucré sortant des cuviers macérateurs ; l’autre moitié du liquide vineux est versée dans le réservoir qui doit alimenter l’alambic. Ce dernier appareil, construit sur les principes de Cellier-Blumenthal, Derosne, Dubrunfaut, fournit continuellement l’alcool à 50 ou 55 degrés vendable directement aux manufacturiers rectificateurs, si mieux on n’aime effectuer la rectification soi-même. Une autre pratique, plus ancienne, consiste à soumettre à la coction, puis à la fermentation durant deux jours, les racines découpées des betteraves, mélangées avec des fourrages coupés. La différence capitale entre les deux pratiques, c’est que dans l’ancienne opération aucune quantité d’alcool n’est recueillie, tandis qu’en suivant le procédé nouveau, l’alcool obtenu représente une valeur importante, qui peut compenser, et au-delà, tous les frais de préparation des racines, des fourrages et des rations alimentaires.

Les noms des agronomes très distingués qui ont adopté la nouvelle méthode, les faits consignés dans les rapports de M. Dailly et de plusieurs commissions spéciales à la Société impériale et centrale d’agriculture, à la Société d’encouragement pour l’industrie