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LA
STATUAIRE D’OR ET D’IVOIRE

LA MINERVE DE M. SIMART


Quel voyageur n’a point évoqué par la pensée la Minerve de Phidias au milieu des ruines silencieuses du Parthénon, à la place même où le colosse a laissé son empreinte magnifique, sous un ciel transparent dont les yeux bleus de la déesse étaient réputés le symbole, tandis que du haut de l’Acropole on domine les lieux les plus célèbres de la Grèce, tandis que les souvenirs remplissent l’oreille de leur éloquent murmure, tandis qu’avec la brise on croit respirer le souffle du passé ? Autour de vous vivent les débris des frontons et des frises ; sur le portique du couchant, les cavaliers des Panathénées n’ont point interrompu leur immortelle procession. Ils sont tombés avec les trois autres portiques ; une main étrangère les a ravis, et l’éclat de leurs marbres, que le soleil d’Athènes ne dore plus, s’éteint chaque jour sous les brumes de l’Angleterre ; mais à quelques pas, dans une mosquée voisine de l’Aréopage, sont réunis tous les moulages en plâtre, ombres fidèles et saisissables des chefs-d’œuvre exilés. De cette foule créée par Phidias et ses élèves se dégage peu à peu un type idéal, auquel le Parthénon sert de piédestal. Les témoignages des auteurs anciens concourent à lui donner plus de netteté : là doit briller l’or, ici s’arrondit l’ivoire. Minerve est debout, vêtue d’une longue tunique. L’égide couvre sa poitrine : deux pierres précieuses donnent à son regard la profondeur et la lumière. Une des mains porte la Victoire aux ailes d’or ; l’autre main tient la lance, auprès de laquelle se dresse le serpent Erechthée, tandis que le bouclier