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lequel se produisent ces grands effets. Puisque tout dépend de ce que le soleil éclaire plus ou moins notre hémisphère ou l’hémisphère opposé, il est évident que toute disposition qui rapprochera le soleil successivement de l’un ou de l’autre pôle d’une planète produira ce que nous observons annuellement. Pour vérifier cela, prenez une boule qui tourne sur deux pointes ou pivots, comme les globes géographiques appelés sphères, et présentez-la à une lampe à une certaine distance. La moitié éclairée aura le jour, et l’autre la nuit. En faisant tourner le globe entre ses pivots, le jour et la nuit se succéderont sur ce globe comme sur la terre, et si on le fait tourner autour de la lampe, le temps qui sera employé à en faire le tour sera analogue à l’année, comme le temps que le globe met à tourner sur lui-même est analogue au jour, mais ce qui fait les saisons, ce sera la position des deux pivots sur lesquels tourne le globe. En effet, tout le monde voit bien que si ces pivots sont à égale distance du corps éclairant et situés l’un au-dessus, l’autre au-dessous et symétriquement, le globe en tournant présentera toujours les mêmes points à la lumière, n’importe dans quelle position il soit à l’entour de la flamme. Il n’en sera plus de même si les deux pivots offrent une ligne inclinée et de biais par rapport au point éclairant et à la route circulaire que suit le globe autour de ce point. En effet il est évident qu’alors ce sera tantôt l’un, tantôt l’autre des pôles ou pivots qui sera illuminé, tandis que l’opposé sera dans l’ombre, et que par rapport à chaque point du globe le corps lumineux paraîtra s’avancer au-dessus de lui, quand il arrivera à illuminer de plus en plus le pôle placé de son côté, tandis qu’il s’abaissera de plus en plus quand, d’après la position contraire, les rayons du foyer de lumière se porteront vers le pôle opposé. Une pomme, une orange, une bille de billard pincée entre le pouce et le doigt du milieu et promenée circulairement autour d’une lampe posée sur un guéridon ou sur une table ronde, montreront convenablement tous ces effets, pourvu que les doigts qui retiennent le petit globe ne soient pas l’un au-dessus de l’autre, et que les points d’appui offrent une ligne inclinée. Dans ces conditions, on verra successivement l’illumination atteindre les deux points ou pôles où portent les doigts. On complétera l’analogie en faisant tourner le petit globe sur lui-même à chaque point de la marche circulaire dont la durée représentera l’année, de même que celle de la rotation du globe sur lui-même et entre les doigts de l’expérimentateur représentera la durée du jour.

Si dans cette expérience on ne plaçait pas le petit globe obliquement, alors il se présenterait toujours de la même manière au centre lumineux : c’est ce qui a lieu pour l’immense planète Jupiter, dont la grosseur égale quatorze cents fois celle de la Terre, mais qui, n’étant pas aussi compacte que notre globe, n’est guère que trois cent cinquante fois aussi massive. Ainsi, en supposant des balances d’une dimension suffisante, il ne faudrait que trois cent cinquante masses égales à celle de la Terre pour équilibrer Jupiter. Quelles saisons, quels climats cette énorme planète peut-elle avoir ?

D’abord il n’y a point là, à proprement parler, de saisons, puisque le soleil ne varie point d’aspect et ne va point, comme pour la Terre, tantôt en s’éloignant vers le pôle opposé à une localité, tantôt en se rapprochant du pôle voisin. Comme la planète cependant, dans son année, qui dure autant que