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JEANNE D’ARC
ET SA MISSION
D’APRÈS LES PIÈCES NOUVELLES DE SON PROCÈS

I. Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d’Arc, publiés pour la première fois d’après les manuscrits de la Bibliothèque nationale, suivis de tous les documens historiques qu’on a pu réunir et accompagnés de notes et d’éclaircissemens, par M. Jules Quicherat, 6 vol. gr. in-8o. — II. Jeanne d’Arc d’après les chroniques contemporaines, par M. Guido Goerres, traduit de l’allemand par M. Léon Boré.

Je ne connais guère dans l’histoire que l’épisode de Jeanne d’Arc où l’instrument surprenne plus que l’action accomplie, et je n’en sais aucun dans lequel les investigations de la science contraignent plus invinciblement la critique de remonter des faits de l’ordre naturel à ceux d’un ordre supérieur. Tout écrasante que soit pour l’esprit la libération d’un royaume accomplie en trois mois, contrairement à toutes les prévisions de la politique et de la stratégie, la pucelle d’Orléans est assurément un personnage plus extraordinaire que son œuvre, et il y a moins à méditer sur ses actes que sur les mobiles auxquels elle les rapporte et qui les inspirent. Que sont des batailles et des victoires devant tant de prodiges dont la grandeur n’est surpassée que par la simplicité virginale de l’enfant qui les accomplit ? Que sont les pompes de Reims à côté des flammes de Rouen, et que valent les plus beaux coups d’épée en présence de ces merveilleuses réponses, dont l’évidente sincérité triomphe à quatre siècles de distance des résistances les plus obstinées et des convictions les plus rebelles ?