ouvriers les plus expérimentés, nos artistes les plus habiles : tout ce qui touche au sol britannique s’y marque aussitôt d’un cachet dont l’originalité n’est pas douteuse, mais dont la valeur réelle est très contestable. Néanmoins il est juste de signaler plusieurs beaux bronzes dans l’exposition anglaise. Ainsi, à côté des pièces galvano-plastiques de M. Elkington, il faut citer la Lesbie pleurant sur l’oiseau mort qu’elle presse sur son sein. Cette statue est de M. Cumberworth ; la pose en est heureuse, la tête est bien traitée, mais l’arrangement des cheveux manque d’idéal, et il y a dans les parties nues une réalité trop pauvre. La Négresse de M. John Bell est une fonte remarquable, qui mérite également des éloges. Quant à la Dorothea du même artiste, elle rentre tout à fait dans le goût anglais. Son Tireur d’aigle est une grande figure académique, dont la pose fatigue vite le spectateur. Enfin dans cette exposition si remarquable de M. Elkington, on a retrouvé l’Angleterre avec ses étranges contrastes. À côté des merveilles du Parthénon, à côté du Thésée et de l'Hercule au repos, on remarquait des excentricités toutes britanniques, telles par exemple que la Jeune Naturaliste de M. H. Weekes. Quant aux petits bronzes d’ameublement, les rares spécimens qui nous étaient offerts ne nous montraient qu’un goût puéril : c’est la Morale en action, l’Exaltation des Douceurs de la Maternité, etc.
La Prusse occupe aujourd’hui une place également importante dans l’industrie et dans l’histoire de l’art contemporain ; elle est le pays le plus sérieusement érudit de l’Europe, elle compte surtout des sculpteurs d’un grand talent. L’art des bronzes allemands avait exposé une grande statue héroïque du feu roi Frédéric-Guillaume III vêtu en empereur romain. La raideur germanique se prête mal à la majesté de la pourpre romaine, et bien que cette œuvre importante témoigne de beaucoup de science, bien qu’elle dénote de sérieux efforts vers un art réellement élevé, on reste froid en la contemplant. Toutefois il y a de curieux détails dans les parties de l’ajustement ; la draperie du manteau surtout est fort bien traitée, et telle qu’elle est, cette figure historique peut être comptée parmi les monumens en bronze les plus remarquables de l’art allemand. — Citons encore la Madeleine pleurant aux pieds de Jésus crucifié, d’après le professeur E. Rietschel. Ce bronze, d’un beau style, sortait des ateliers de M. Lauchhammer ; — un Aigle enlevant une gazelle, fondu d’après M. F. Bürde, par M. C. Fischer de Berlin ; — enfin deux Cerfs, d’après M. Ch. Rauch, fondus par M. Deravanne. — Les petits bronzes prussiens étaient d’une extrême faiblesse.
La Toscane avait envoyé trois pièces importantes et d’un grand intérêt, dues au professeur Clemente Papi de Florence. — C’étaient d’abord une jolie copie du groupe de Persée et Méduse de Cellini, — puis la tête du David de Michel-Ange. Ce bronze colossal a permis