gérer la proportion du zinc. On ne peut produire ainsi que des fontes épaisses et sans délicatesse, mais peu importe au vulgaire : cela ressemble à du bronze, et cela lui suffit. On vend maintenant sous le nom de bronze des alliages qui n’en sont véritablement plus : il en est qui contiennent jusqu’à 20, 30, 40 pour 100 de zinc, et plus encore. On fait même beaucoup de statues en zinc pur, auquel on donne ensuite la couleur du bronze, et ce métal, si perfectionné dans ses applications, satisfait d’une manière suffisante aux exigences modestes de la consommation bourgeoise. On trouve encore sans doute des bronzes d’art véritables, mais dont le prix est nécessairement élevé.
En général le bronze destiné à l’art statuaire doit être assez fluide lors de sa fonte pour pénétrer facilement dans les cavités les plus délicates du moule ; il doit présenter une couleur convenable et pouvoir prendre une belle patine par l’application d’un mordant ; il faut enfin qu’il soit docile au travail de la lime et du ciseau. Malheureusement on ne trouve pas sans peine un alliage remplissant toutes ces conditions. Le bronze exclusivement composé de cuivre et d’étain est dur et tenace, mais ne jouit pas à la fonte d’une très grande fluidité. Si l’on substitue le zinc à l’étain, on a un alliage très fluide, mais dont la ténacité n’est pas suffisante, et qui de plus est facilement oxydable. Le mieux sera donc de former un alliage intermédiaire contenant du cuivre, de l’étain et du zinc. En tout cas, on ne saurait apporter, trop de soins à la composition de ces alliages.
Si la composition de l’alliage est d’une grande importance, la fonte est une opération également délicate. Pour donner de bons résultats, elle doit être rapide, afin d’éviter les pertes d’étain, de zinc et de plomb, car, ces métaux étant plus facilement oxydables que le cuivre, les proportions de l’alliage se trouvent souvent dérangées pendant cette opération. Ainsi, lorsqu’on coule le bronze, il arrive souvent qu’il n’a plus la fluidité suffisante et qu’il se refuse à sortir du fourneau : c’est qu’il ne contient plus la quantité d’étain et de zinc nécessaire, et qu’il est trop riche en cuivre. Il est ce que les Florentins, appelaient incantato. À propos de ces accidens, on peut citer un exemple célèbre. Lorsque Benvenuto coula son groupe de Persée et Méduse, il était à dîner. Tout à coup les ouvriers consternés viennent lui dire que la fonte est arrêtée. L’artiste saisit les assiettes et les plats d’étain qu’il avait sur sa table il court les jeter dans le bain métallique, et bientôt le bronze redevient assez fluide pour que la fonte puisse s’opérer dans de bonnes conditions.
Pour prouver toute l’importance des opérations de la fonte des bronzes au point de vue de l’art, il suffit de citer la colonne de la place Vendôme : elle représente le type le plus détestable que l’art ait jamais produit, et montre dans quel triste état il était tombé au