nouveau. Le consulat était aussi régulier qu’avait pu d’abord le paraître le directoire, et tout autrement habile et sage. Il n’y avait puissance en Europe qui ne dût s’honorer de traiter avec le négociateur de Leoben et de Campo-Formio. Lui-même, qui du haut de sa force et de sa gloire pouvait, sans s’abaisser, faire les avances, et qui, en désirant la paix, ne risquait pas d’être soupçonné de craindre la guerre, fit à l’Angleterre une ouverture brutalement accueillie. À cette occasion, Fox reparut à la chambre des communes, et il insista pour des négociations immédiates, mais il ne fit pas voter, de peur d’engager le parlement contre le mouvement pacifique qui commençait à se prononcer. Une réunion nombreuse le constata par les vœux qu’elle émit dans le common hall de la Cité de Londres. Pitt méconnut l’importance du moment, et c’est une des grandes fautes de sa vie. Si quelque chose pouvait faire suspecter le gouvernement anglais du machiavélique dessein d’arriver à je ne sais quel but par la guerre à tout prix, ce serait le langage des ministres dans le débat sur les propositions du premier consul ; mais la conduite subséquente prouve assez qu’il y eut tout simplement alors obstination, prévention, défaut de résolution et de sagacité, dirai-je le mot ? défaut d’esprit. C’est donc la restauration que l’on veut, disait Fox, et Tierney fit un discours sur ce texte.
Mais Pitt était tout occupé d’un acte important, dont sans doute il attendait beaucoup : il proposait la réunion de l’Irlande à la Grande-Bretagne. Cette mesure, qui privait la première de son parlement et de quelques institutions locales, semblait porter atteinte à son indépendance, et ne pouvait être bien reçue qu’accompagnée d’améliorations réelles et de concessions effectives. En prenant une tutelle plus directe de l’Irlande, l’Angleterre s’engageait à l’élever à soi. On sait qu’elle a si mal rempli cet engagement, qu’il y a quelques années le rappel de l’union était le leurre que le plus habile agitateur offrit à une multitude opprimée. Fox semblait prévoir ce résultat. Tout ce qui venait du pouvoir à cette époque lui paraissait fait à mauvaise intention. S’il était venu au parlement, il dit qu’il aurait combattu la réunion. Il resta chez lui et laissa passer une mesure qu’il ne voulait pas approuver, qu’il ne pouvait empêcher. Cette conduite a été blâmée avec raison. Je pense qu’il eût mieux fait d’accepter sous condition ; mais il croyait toute condition vaine, et craignait de contribuer à étendre le champ d’un pouvoir tyrannique.
Un nouveau parlement, cette fois le parlement impérial des trois royaumes, fut convoqué. Lorsqu’il s’assembla (janvier 1801), on remarqua avec étonnement une tout autre absence que celle de l’opposition : Pitt et Dundas ne se montrèrent plus. Que s’était-il passé, et quels motifs pouvaient avoir dicté ce commencement de