Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 9.djvu/827

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de s’adresser à des lapidaires ou à des joailliers habiles et incapables de tromper ceux qui leur accordent leur confiance.

On a presque recherché avec autant d’activité l’art de faire du diamant que celui de faire de l’or. La question n’est pas la même en principe; car faire du diamant, c’est seulement faire cristalliser le carbone ou charbon, comme on fait cristalliser tant d’autres substances, tandis que les alchimistes prétendaient changer la nature même des corps et faire de l’or de toutes pièces. Dès que la chimie moderne eut brûlé le diamant et que les produits de la combustion se trouvèrent les mêmes que ceux de la combustion du carbone, on dut espérer qu’en choisissant des composés convenables de charbon, qui abandonneraient lentement et dans un grand calme le charbon qu’ils contiennent, celui-ci se déposerait en formes régulières et cristallines. C’est ainsi que le sel ordinaire, le sucre, l’alun, se déposent au fond de l’eau qui les contient, quand celle-ci s’évapore lentement et sans trouble. À ce point de vue, il existe une substance curieuse qui donnait de grandes espérances. On ne se figure pas en général qu’en unissant ensemble du charbon et du soufre, il en résulte un liquide incolore tout à fait semblable à de l’eau et ne contenant expressément que du charbon et du soufre. Si donc par un procédé quelconque on eût pu retirer lentement le soufre en tout ou en partie, on pouvait s’attendre à voir le charbon se déposer à l’état cristallin. Cet espoir a été déçu. Bien d’autres tentatives n’ont pas eu un plus heureux succès, en sorte qu’aujourd’hui la question, pour beaucoup de personnes, paraît désespérée. Un de nos confrères de l’Institut, M. Despretz, n’en a pas jugé ainsi. Au moyen de la pile de Volta, il a obtenu, sur des fils de platine, de légers dépôts cristallins qui semblent, par leur forme et leur dureté, être de vrais diamans embryonnaires. Ces cristaux, — disons mieux, cette poussière de diamant a poli les pierres dures, comme le fait la poudre ordinaire de diamant appelée égrisée. La question scientifique est donc à peu près résolue; mais l’actif académicien n’en est pas resté là : il a organisé, on peut dire par centaines, des appareils propres à faire précipiter et cristalliser le charbon sous l’influence électrique, agent qu’il est habitué dans ses recherches à faire obéir et fonctionner à son gré. Tout Porte donc à croire que le résultat de travaux si persévérans et si consciencieux sera la cristallisation du charbon ou la fabrication du diamant.

Quand bien même ce résultat ne serait pas utile au commerce, il le serait beaucoup à la science, que cette substance semble défier. De plus la nature ne nous offre nulle part le diamant en place : il est toujours dans des terrains de transport, ce qui ne nous donne aucune