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en 1821 ont observé le passage de ces astres au méridien, et ont vérifié qu’aucun phénomène de rétraction n’annonce la présence d’une atmosphère solaire. La même expérience a été faite pour Jupiter et ses satellites, dont la température très basse donne une sécurité de plus, car on pouvait objecter à Wollaston que la chaleur du soleil doit dilater l’air au point de le rendre insensible aux instrumens.

Ainsi l’air ne s’étend pas indéfiniment, et quelques physiciens ont cru cette observation démonstrative et inattaquable. Cependant elle n’est pas à l’abri d’une sérieuse objection. M. Dumas remarque que l’air, même supposé divisible à l’infini, ne peut s’étendre sans limite, s’il ne conserve pas son état gazeux. Or on sait que la pression ou le froid peuvent liquéfier ou même solidifier tous les gaz, et les empocher même d’émettre des vapeurs. Qui nous prouve qu’à une certaine hauteur la température ne soit pas assez basse pour rendre l’air liquide et envelopper ainsi notre atmosphère d’air liquéfié ! L’expansion indéfinie de l’air gazeux serait.alors empêchée, dette idée paraît au premier abord invraisemblable, et cependant la chose n’a rien d’impossible. À mesure qu’on s’éloigne de la terre, la température s’abaisse avec une grande rapidité, et il suffit de monter sur une montagne pour s’en apercevoir ; que doit-ce donc être à quelques centaines ou même à quelques milliers de lieues plus haut ! L’existence de ce très grand froid est rendue très probable par les calculs de M. Poisson, qui n’était pas éloigné d’admettre cette hypothèse. Malgré cette objection, l’expérience de Wollaston a, comme vérification, une assez grande valeur, et elle mérite d’être ajoutée aux preuves que nous avons données. Occupons-nous maintenant de l’emploi que la chimie fait de ces atomes ainsi admis. Après avoir reconnu leur existence, étudions leur nature et leur mode de combinaison.

De certaines substances, en petit nombre, on ne peut retirer qu’une sorte de matière. Quelque actifs que soient les agens auxquels on les soumet, on ne réussit pas à les décomposer en des élémens divers. On ne peut ni les simplifier, ni les altérer, au moins par les forces dont disposent aujourd’hui la chimie et la physique ; on les appelle corps simples ou élémens. Ainsi le fer est un corps simple, il peut se combiner à d’autres substances, mais il est indécomposable ; de quelque façon qu’on le traite, on n’en peut retirer que du fer. Dire que ce corps s’est transformé, corrompu ou altéré par un séjour prolongé dans l’air, l’eau, etc., c’est prononcer des mots vides de sens. Lorsqu’il se rouille, ce n’est pas une décomposition qu’il éprouve, c’est une combinaison qu’il forme avec cette partie respirable de l’air à laquelle Lavoisier a donné le nom d’oxygène. D’autres corps au contraire, en grand nombre, sont composés ; en les traitant par les réactifs que la chimie fait connaître, on peut en retirer plusieurs sortes de matières. La substance que nous venons