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D'UNE REVOLUTION


EN CHIMIE.





Les précieux services que la chimie a rendus à l’industrie en ont popularisé l’étude pratique, et le nombre est grand aujourd’hui de ceux qui en savent assez pour surveiller ou même perfectionner les préparations nécessaires aux arts du commerce ; mais la plupart du temps ces connaissances, acceptées sur parole, vérifiées en gros par une expérience journalière, ne supposent pas une intelligence parfaite ni même une science suffisante des principes sur lesquels la chimie repose, même pour d’habiles industriels qui ont suivi des cours publics, la science qu’ils appliquent n’est qu’un empirisme régulier, qui doit tous ses progrès à d’heureux hasards attentivement observés. Ils ignorent d’ordinaire à quelles conditions elle est devenue une science rationnelle, où l’enchaînement des causes et des effets est plus parfait peut-être que dans toute autre, et où l’expérimentation, cessant de régner sans partage, n’intervient plus que pour vérifier les hypothèses et asseoir les théories.

S’il en est ainsi de ceux qui mettent en œuvre les découvertes des savans, à plus forte raison ceux qui ne font pas de la science une étude spéciale sont-ils loin de se rendre compte non pas seulement de ses principes, mais même de son objet, et la chimie théorique est peut-être dans le monde la plus ignorée des sciences. Les phénomènes qu’elle considère se passent pourtant tous les jours sous nos yeux, et semblent devoir attirer constamment notre attention ; mais