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LA SYRIE


ET LES BÉDOUINS


SOUS L’ADMINISTRATION TURQUE.





LE LIBAN ET LA PLAINE DE DAMAS. — LA FRATERNITE BEDOUINE. — LES USURIERS ARABES ET LES CHEIKS. — MOEURS DU DÉSERT.





S’il est un pays célèbre à toutes les époques, c’est assurément cette partie de l’Asie qui s’étend du désert à la Méditerranée. Les plus grands conquérans de l’antiquité y ont laissé l’empreinte puissante de leurs pas; les croisés y sont venus de l’Occident, conduits par les plus illustres chefs du moyen âge. Tamerlan y a porté le fer et la flamme, et Napoléon lui-même l’a visitée à la tête de ses bataillons de l’armée d’Egypte. C’est de cette terre que s’est élevée la grande lumière qui, répandant sur le monde une clarté nouvelle, a produit le christianisme; c’est enfin de son voisinage immédiat que l’islamisme est sorti. J’ai résidé dans ce pays, je l’ai parcouru en divers sens : je veux essayer de le faire connaître à ceux qui ne l’ont pas vu, et de le rappeler à ceux qui ont foulé son sol, m’abstenant avec soin de ces partis-pris de blâme ou de louange qu’on peut reprocher à tant d’autres. Avant de m’occuper des populations de la Syrie, et de celles du désert principalement, on comprendra toutefois que je m’arrête un peu au territoire qu’elles habitent, et que je cherche à en indiquer la configuration, à partir des côtes de la Méditerranée jusqu’à la lisière du désert. L’étude des conditions géographiques d’un pays est une préparation indispensable à l’étude des mœurs de ses habitans.