Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 9.djvu/1249

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

souscriptions, celui des finances égyptiennes, et celui de la navigation. Il ne peut être ici question que du dernier.

Le privilège accordé à M. de Lesseps rencontre, dit-on, la plus vive opposition dans la diplomatie anglaise; mais on ne sait pas si cette opposition porte sur le dispositif de la concession, ou, ce qui serait fort différent, sur l’objet même de l’entreprise. Nous croyons fermement que la première hypothèse est la seule fondée.

Les ports d’Angleterre font à eux seuls les trois quarts de la navigation entre l’Europe et les mers de l’Inde : ils fourniront donc au passage de l’isthme de Suez son principal aliment. Les réclamations de la diplomatie britannique sont naturelles contre un acte qui ne règle rien sur les dimensions du canal, rien sur le tracé, et qui laisse les péages à la discrétion de la compagnie et du gouvernement égyptien, car ce dernier n’a pas d’autre intérêt que celui de la compagnie, puisqu’il est son associé, et que l’Egypte elle-même n’apportera à la navigation qu’un contingent insignifiant, comparativement à celui des autres pays. Les lumières du vice-roi seraient une garantie contre les exactions et les erreurs, s’il était immortel;