Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 9.djvu/1227

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

alluvions, elle ne rencontrerait aucune difficulté d’exécution. Le canal serait donc un canal à point de partage, dont le bief alimentaire, ouvert dans la partie supérieure du Delta, s’épancherait par son extrémité orientale dans la Mer-Rouge et par son extrémité occidentale dans la Méditerranée.

La convenance de ce tracé, à l’exclusion de tout autre, est indépendante des différences de niveau réelles ou imaginaires qui peuvent exister entre la Mer-Rouge et la Méditerranée. Suivant Aristote, les Pharaons renoncèrent au projet d’ouvrir le canal après avoir reconnu que les eaux de la Mer-Rouge étaient plus élevées que celles du Nil et dans la crainte qu’elles ne vinssent envahir la Basse-Egypte, Diodore de Sicile et Pline le naturaliste répètent l’opinion d’Aristote; mais ils sont contredits par Hérodote et par Strabon. Ce dissentiment des anciens s’est reproduit parmi les modernes. Les ingénieurs attachés à notre expédition d’Egypte ont cru constater, dans un nivellement exécuté en 1799, que le niveau de la Mer-Rouge était à Suez de 9m, 908 supérieur à celui de la Méditerranée à Tineh[1]; mais le journal de cette opération montre combien de circonstances défavorables en ont pu affecter l’exactitude. Un travail semblable a été fait, en 1847, avec le plus grand soin et avec toutes les facilités qui manquaient en 1799[2]; il a été vérifié à plusieurs reprises, et il en résulte jusqu’à présent qu’il n’existe entre les deux mers aucune différence de niveau sensible. En fût-il autrement, le niveau du Nil au sommet du Delta étant incontestablement supérieur à celui de la Mer-Rouge, il n’importerait guère que le nombre des écluses fût dans une des branches du canal différent de ce qu’il serait dans l’autre.

Les travaux des anciens, les observations des modernes ne laissent donc aucun doute sur la facilité du tracé du canal maritime de la Méditerranée à la Mer-Rouge dans l’intérieur des terres. Les études de 1847, dont M. Paulin Talabot a donné le résumé, comprennent le calcul exact du maximum de longueur des lignes à ouvrir; il a même indiqué la possibilité d’abréviations dont il serait prématuré de se prévaloir ici. En prenant pour point de partage du canal le célèbre barrage du sommet du Delta entrepris par Méhémet-Ali, condamné par Abbas et destiné sans doute à être relevé par Saïd-Pacha, le bief alimentaire aurait une longueur de... 4.000 m

Celle de la branche d’Alexandrie, qui suivrait à de faibles différences près l’antique canal de Joseph, Bahr

A reporter… 4.000 m

  1. Description de l’Egypte. Mémoire sur la communication de la mer des Indes à la Méditerranée par l’isthme de Suez.
  2. Rapport de M. Paulin Talabot, ingénieur en chef des ponts et chaussées, sur les travaux faits pour la société d’études de l’isthme de Suez par la brigade française.