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pour les animaux. Ainsi, dès qu’on aura fouillé les couches siliceuses, argileuses, calcaires, granitiques d’une partie du globe, on aura des échantillons de ce que l’on devra trouver partout ailleurs, puisque les terrains, les dépôts, les roches, les laves, tout est identique dans toute contrée. Plus d’espoir donc d’avoir autre chose que les diamans, les rubis, les saphirs, les topazes, les émeraudes et les améthystes. Il n’y a de ressource que dans les travaux du laboratoire. Pour avoir du nouveau, l’homme ne peut plus compter sur la nature; il ne peut avoir recours qu’à son génie.

Nous dirons, pour terminer la liste des pierres gemmes, quelques mots sur le cristal de roche ou caillou blanc cristallisé. Cette pierre, inférieure en valeur, n’est autre chose que du sable siliceux ou du roc faisant feu au briquet, cristallisé et coloré d’une infinité de manières. Presque tout ce qu’on appelle pierres fausses a le cristal de roche ou quartz pour base. Ainsi le cristal de roche taillé en diamant, comme les cailloux du Rhin ou les diamans d’Alençon, s’appelle faux diamant. Le faux saphir, la fausse topaze, sont des quartz bleus ou jaunes. Il n’y a que le quartz violet qui soit la vraie améthyste. Récemment on s’est avisé de faire pour les cristaux de roche jaunes d’Espagne ce qu’on fait pour les topazes de même couleur. Le résultat a été très satisfaisant : il s’est développé dans la pierre une couleur veloutée presque orangée qui est très riche. Quant à tous les reflets, toutes les teintes, tous les degrés de transparence, d’opalescence, enfin toutes les formes que le quartz, véritable protée, prend dans la nature, un volume suffirait à peine pour les détailler. L’industrie du verre, et surtout du verre blanc à base de plomb, dit cristal, a réduit presque à rien la demande du cristal de roche naturel. Autrefois on en garnissait les lustres et on en faisait mille ouvrages où le cristal vitreux est maintenant employé. Les anciens connaissaient la propriété qu’ont les boules de cristal de roche de rassembler les rayons du soleil et de brûler les corps qui se trouvent placés au foyer des rayons solaires concentrés. Les médecins mêmes se servaient d’une pareille boule pour cautériser certaines plaies, d’après l’ancien adage : « Après les médicamens, le fer; après le fer, le feu; après le feu, rien ! » Ces mêmes boules sont de vrais microscopes, surtout si elles sont petites, et l’antiquité en a taillé qui n’étaient pas plus grosses qu’une cerise. Les hommes d’alors auraient donc facilement scruté, comme nous, le monde des infiniment petits, s’ils l’eussent voulu. Bien d’autres choses qu’ils tenaient pour ainsi dire aux mains leur ont échappé. A voir tout ce que le XIXe siècle a déjà fait, nous pouvons, sans trop de vanité, espérer que la postérité ne dira pas la même chose de nous.

Je n’ai pas parlé des turquoises, dont il est deux sortes. l’une et