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on distribue par jour 200 à 230 grammes de viande cuite, équivalant à 400 ou 450 grammes de chair crue, os compris ; 3° enfin la ration alimentaire prescrite dans l’un de nos meilleurs hôpitaux, où chaque enfant en pleine convalescence reçoit 140 grammes de viande cuite par jour.

Les questions relatives à l’alimentation humaine n’ont pas moins préoccupé les chimistes et les physiologistes que les administrateurs. Les données positives de la science, d’accord avec les faits nombreux recueillis par des praticiens éclairés, ont conduit à reconnaître que la quantité moyenne de viande nécessaire à chaque individu doit être calculée en tenant compte des consommations différentes selon les âges, nulles pendant l’enfance, et graduellement croissantes avec le développement des forces, puis décroissantes vers le déclin de la vie, variables aussi suivant les sexes ; qu’en somme la ration moyenne devrait être d’environ 160 grammes par jour, ou 58 kilog. par an. Chaque individu ne pouvant, en l’état actuel des choses, disposer que de 28 kilog. au plus, il faudrait au moins doubler la production, en supposant que les quantités obtenues fussent également réparties, ou plutôt la tripler, si l’on admet l’inégalité qui résulte inévitablement de la diversité des classes entre lesquelles se répartit la consommation de la viande.

Déjà la nécessité d’accroître cette consommation dans l’intérêt du développement de la force, de la santé, du travail et du bien-être des hommes est mieux comprise, en France, grâce aux recherches faites depuis plusieurs années. Cette heureuse disposition, il est vrai, ne saurait être sans influence sur l’élévation regrettable survenue récemment dans le prix de la viande ; mais elle doit nécessairement plus tard amener, par une réaction naturelle, une production plus grande et l’abaissement des cours (relativement toutefois à la valeur de l’argent). En effet, les agriculteurs seront, par suite de demandes plus importantes, encouragés à entretenir un plus grand nombre d’animaux ; profilant des récentes mesures administratives qui facilitent l’importation des animaux maigres, ils s’attacheront davantage à l’engraissement, qui, dans une durée de temps égale, peut décupler les produits bruts, et au-delà[1]. Les agriculteurs réaliseront ainsi les bénéfices de la vente des bestiaux engraissés, et en outre ils s’assureront le précieux avantage de fumures plus abondantes qui accroîtront la puissance du sol, et qui, en rendant

  1. Les procédés modernes de nutrition appliqués aux génisses et aux bœufs achetés maigres permettent d’obtenir en quatre mois des animaux gras ; l’élevage dans la ferme aurait employé quatre ans environ pour arriver au même but. On voit donc qu’en important autant d’animaux qu’il est possible d’en engraisser, l’exploitation rurale pourra livrer douze fois plus de produits.