Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 12.djvu/904

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aisément se rendre compte, et qui, depuis quelques années, ont amené d’utiles réformes dans les règlemens de l’alimentation proscrite par les administrations civiles et militaires. Nous citerons d’abord quelques-uns de ces faits concluans, et nous dirons brièvement ensuite les résultats, non moins positifs et faciles à comprendre, des recherches expérimentales sur lesquelles repose la théorie de l’alimentation normale.

À diverses époques, les administrations civiles ou militaires de la France se sont efforcées d’introduire des améliorations dans le régime alimentaire des établissemens confiés à leurs soins. Plus que jamais on s’en est préoccupé dans ces derniers temps. L’heureuse influence des mesures préparées de longue main, ainsi que des inventions récemment appliquées, s’est manifestée aux yeux de tous dans les premiers momens, si difficiles, de la guerre de Crimée ; l’administration française en a recueilli les plus précieux et les plus sûrs témoignages de la part de nos braves alliés.

En mars 1848, afin de satisfaire à des vœux, trop vivement formulés peut-être, de progrès dans l’hygiène et le bien-être des populations, le gouvernement fit examiner de nouveau les règlemens sur les rations alimentaires fixées par plusieurs administrations publiques. Une commission, dont j’avais l’honneur de faire partie avec MM. Dumas, de l’Institut, le vice-amiral Dupetit-Thouars, et plusieurs employés supérieurs de la marine, fut chargée de régler le dosage des vivres conformément aux données de la science contemporaine. D’abord on reconnut que tout en tenant compte de certaines irrégularités dans les travaux parfois rudes, mais souvent faciles, des hommes de mer, qu’on ne pouvait entièrement assimiler aux forts travailleurs terrassiers, la ration alimentaire des marins était trop peu abondante en viande ou substances congénères : il fut résolu, d’une voix unanime, que les doses seraient augmentées d’environ 20 pour 100. La ration de pain ou de ses équivalens en alimens farineux parut suffisante. Toutefois, afin de donner satisfaction à l’opinion assez générale qui s’était prononcée sur ce point, on consentit à élever la ration journalière de pain de 750 grammes jusqu’à 1 kil. Voici ce que devinrent alors les conditions réglementaires : nous indiquons en regard des substances leurs principaux élémens, azote et carbone, qui servent à évaluer les matières nutritives.