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Deux périodes peuvent être distinguées dans l’histoire de Novgorod, celle où sa constitution républicaine est dans toute sa vigueur, celle où des influences ennemies s’abattent sur cette grande commune et amènent sa ruine. La première peut être caractérisée par un exemple significatif qui montrera clairement que Novgorod ne fut jamais une principauté, un apanage des princes russes. Les événemens de la seconde époque, qu’il suffira de résumer, donneront plus d’évidence encore à cette démonstration.

En 1240, la république fut attaquée par les peuples de la Dvina renforcés des troupes du Danemark et de la Suède ; Alexandre, prince de Novgorod, les combattit vaillamment et remporta sur l’armée ennemie une éclatante victoire, près de la Neva. Cette brillante journée valut au prince le surnom de Nevski, et plus tard la canonisation. Malgré le prestige de sa gloire, Alexandre rencontra chez les Novgorodiens un tel esprit de défiance, il eut à subir tant de dégoûts, qu’il se retira près de son père, à Vladimir. C’est là qu’un an plus tard la république, menacée par de nouveaux ennemis, vint chercher l’homme qui l’avait déjà sauvée. Par ordre de son père, Alexandre consentit à reprendre le commandement des troupes, et battit encore les ennemis de Novgorod. C’est au même prince que la commune dut d’être préservée de l’invasion tartare, qui ne pénétra jamais dans son enceinte. À sa mort pourtant (1264), la cité républicaine donna un nouveau témoignage du sentiment jaloux qu’elle portait dans l’exercice de ses droits. Alexandre avait désigné pour lui succéder son fils Dmitri. Le principe d’élection prévalut avec éclat à cette occasion sur le principe héréditaire, et Novgorod, appela pour remplacer Alexandre, son frère Iaroslaf, après qu’il eut souscrit aux conditions suivantes : — « 1° le prince devra s’engager par serment à conserver et respecter tous les droits des citoyens, à réparer toutes les infractions qu’y a faites Alexandre son frère ; 2° il n’emploiera que des citoyens de la république dans les affaires du gouvernement, ne permettra qu’à des citoyens d’acquérir des terres dans le domaine, n’emploiera que des citoyens dans le commerce avec l’Allemagne ; 3° il ne rendra aucun jugement sans l’assistance du posadnik ;