L’AGRICULTURE
LES PRODUITS ET LES MACHINES AGRICOLES
À L’EXPOSITION
À l’exposition universelle de Londres, en 1851, la Russie et l’Amérique du Nord figuraient en face l’une de l’autre. On admirait, dans le compartiment russe, des meubles en malachite, des mosaïques, des étoffes splendides, des tissus d’or et d’argent. Le compartiment américain n’offrait au contraire que des balles de coton, des épis de maïs, des tas de porc salé. Jamais contraste plus frappant. Aux yeux du passant superficiel et distrait, tout l’avantage était pour la magnificence apparente de l’un contre la modestie et presque l’indigence de l’autre ; mais, pour quiconque réfléchissait un moment, la république américaine reprenait bien vite le pas sur l’empire slave, l’industrie utile et véritablement productive sur l’industrie de luxe et d’apparat. Ces meubles somptueux ne peuvent servir qu’aux palais du tsar et des grands de sa cour, tandis que ce coton, ce maïs, ces jambons, vêtissent et nourrissent une population qui croît à vue d’œil, et alimentent une exportation immense. La puissance et la richesse des États-Unis reposent sur cette simple base, et qui oserait comparer cette expansion indéfinie de la race humaine du Canada au Mississipi, ces villes qui s’élèvent par enchantement, ces déserts qui se peuplent en une saison, ces vaisseaux innombrables, ces chemins de fer, tout ce tumulte de la vie, à la morne immobilité de la nation rivale ?