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simple conception d’un Dieu isolé du monde, et d’un monde façonné comme un vase entre les mains du potier, à la théogonie indo-européenne, animant et divinisant la nature, comprenant la vie comme une lutte, l’univers comme un perpétuel changement, et transportant en quelque sorte dans les dynasties divines la révolution et le progrès !

L’intolérance des peuples sémitiques est la conséquence nécessaire de leur monothéisme. Les peuples indo-européens, avant leur conversion aux idées Sémitiques (juives, chrétiennes ou musulmanes), n’ayant jamais pris leur religion comme la vérité absolue, mais comme une sorte d’héritage de famille ou de caste, devaient rester étrangers à l’intolérance et au prosélytisme : voilà pourquoi on ne trouve que chez ces peuples la liberté de penser, l’esprit d’examen et de recherche individuelle. Les Sémites au contraire, aspirant à réaliser un culte indépendant des provinces et des pays, devaient déclarer mauvaises toutes les religions différentes de la leur. L’intolérance est bien réellement en ce sens un fait de la race sémitique, et une partie des legs bons et mauvais qu’elle a faits au monde. Le phénomène extraordinaire de la conquête musulmane n’était possible qu’au sein d’une race incapable comme celle-ci de saisir les diversités, et dont tout le symbole se résume en un mot : Dieu est Dieu. Certes la tolérance indo-européenne partait d’un sentiment plus élevé de la destinée humaine et d’une plus grande largeur d’esprit ; mais qui osera dire qu’en révélant l’unité divine et en supprimant définitivement les religions locales, la race sémitique n’a pas posé la pierre fondamentale de l’unité et du progrès de l’humanité ?

On comprend maintenant comment cette race, si éminemment douée pour créer les religions et les propager, devait, dans toutes les voies profanes, ne point dépasser la médiocrité. Race incomplète par sa simplicité même, elle n’a ni arts plastiques, ni science rationnelle, ni philosophie, ni vie politique, ni organisation militaire. La race sémitique n’a jamais compris la civilisation dans le sens que nous attachons à ce mot ; on ne trouve dans son sein ni grands empires organisés, ni esprit public, rien qui rappelle la cité grecque, rien aussi qui rappelle la monarchie absolue de l’Égypte et de la Perse. Les questions d’aristocratie, de démocratie, de féodalité, qui renferment tout le secret de l’histoire des peuples indo-européens, n’ont pas de sens pour les Sémites. La noblesse sémitique est toute patriarcale : elle ne tient pas à une conquête, elle a sa source dans le sang. Quant au pouvoir suprême, le Juif, comme l’Arabe, ne l’accorde rigoureusement qu’à Dieu. L’infériorité militaire des Sémites tient à cette incapacité de toute discipline et de toute organisation. Pour se créer des armées, ils furent obligés de recourir à des mercenaires : ainsi