avec admiration, et mon intention n’est pas de contester leur goût ; mais dès qu’on veut examiner de près les morceaux où le dessin joue le premier rôle, on est obligé de se montrer sévère. Benvenuto ne mérite pas le même rang que les grands Florentins qui s’appellent Ghiberti et Michel-Ange. Les incroyables hâbleries de ses mémoires ont exagéré la valeur de son nom. Il n’aurait jamais composé les portes du baptistère. Cependant il faut reconnaître en lui un artiste ingénieux et d’un goût très fin. Je n’accepte pas comme une œuvre sans reproche le Persée, placé à Florence sous la loge des Lanzi. Cette figure, trop vantée, n’a pas la hauteur voulue : il y a pourtant dans cette œuvre un savoir immense, et, pour l’admirer, il n’est pas nécessaire de se rappeler tous les grands coups d’épée dont Benvenuto s’attribue l’honneur. La nymphe en bronze exécutée par lui à Fontainebleau, et qui se voit aujourd’hui au Louvre dans le musée de la Renaissance, inférieure sans doute aux nymphes de Jean Goujon, n’est pas une œuvre à dédaigner. Dans les deux vases de M. Froment-Meurice, je ne retrouve ni le style du Persée de Florence, ni le style de la nymphe de Fontainebleau. J’aime à croire que l’auteur réel de ces deux vases ne s’appelle ni Feuchères, ni Klagmann, car ces deux artistes ont prouvé en mainte occasion qu’ils pouvaient mieux faire.
Il y a dans la vie des sculpteurs et des peintres des exigences dont il faut tenir compte. Quand on ne peut demander qu’à son travail personnel la satisfaction des besoins les plus impérieux, on doit souvent se résigner à des concessions douloureuses. Il me semble pourtant que le nombre de ces concessions diminuerait de jour en jour, si les orfèvres nommaient tous ceux qui ont modelé les figures qu’ils se chargent de fondre, de repousser ou de ciseler. Les œuvres anonymes, qui peuvent enrichir les fabricans, font à la sculpture un dommage considérable ; quand il s’agit de signer de son nom une ébauche informe, on y regarde à deux fois ; dès qu’on est dégagé de toute responsabilité, les scrupules s’évanouissent. C’est pourquoi je voudrais voir s’accréditer dans l’orfèvrerie l’usage de désigner l’auteur de chaque modèle ; on saurait alors la part qui reviendrait à chacun. Si le modèle était bon, le fabricant qui aurait fourni le métal ne se pavanerait plus en recevant les complimens ; si le modèle était mauvais, informe, inachevé, la honte et le ridicule atteindraient sûrement celui qui les aurait mérités. Les deux vases exposés par M. Froment-Meurice, et dont la composition ne peut lui être imputée, démontrent surabondamment l’opportunité de cet usage. Il ne faut égarer ni l’admiration ni le blâme. Louons les orfèvres quand ils s’adressent à des mains habiles, mais sachons à quelles mains ils s’adressent.
Il y a beaucoup à louer dans le service à thé de M. Durand. Tous