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avant de fondre, et qui cesse d’être lumineux après la fusion pour reprendre cette propriété alors que la chaleur est devenue encore plus intense. Le plomb et l’étain fondu, par exemple, sont difficiles à faire rougir quand ils sont liquides, et souvent les chimistes ont l’occasion d’observer que dans un creuset rouge de feu se trouve une substance liquide qui n’est nullement incandescente, et qui ne le devient que par un degré de feu plus élevé. D’après cette idée, si l’on pense au degré de chaleur nécessaire à l’air ou à un gaz pour devenir lumineux, on sera effrayé de la température à laquelle devrait se trouver ce gaz pour donner de la lumière. Or la combustion seule produit un degré de chaleur suffisant pour rendre incandescent un gaz quelconque, comme le gaz hydrogène qui sert à l’illumination ordinaire, ou le mélange détonnant dont nous avons parlé tout à l’heure. Si donc on plonge dans ce gaz allumé un bâton de craie, ce corps solide, mis en contact avec le gaz lumineux, et par suite prodigieusement chaud, prendra cette haute température, et deviendra ainsi excessivement lumineux. Tous les corps ne seraient pas convenables pour cette expérience, car ils pourraient se désorganiser ou se fondre par l’effet de ce feu puissant avec lequel on a fondu, comme avec l’électricité, les substances les plus réfractaires. Voilà donc comment ou peut se figurer cette violente ignition dans le cas d’un corps solide soumis au contact d’une flamme active; mais nos connaissances sur ce point délicat de la théorie de la chaleur et de la lumière sont encore bien incomplètes et bien peu avancées.

Il n’est presque point d’industrie dont la nature n’offre l’ébauche ou la réalisation dans son vaste laboratoire. Ainsi les pierres bitumineuses et le bitume lui-même contiennent de l’huile et une espèce de cire naturelle que l’art sait extraire aujourd’hui avec économie et avantage. La chaleur et la pression extraient ces huiles naturelles. Plusieurs sources donnent aussi une huile très odorante et très combustible employée sous le nom de naphte et de pétrole, qui signifie huile de pierre. L’huile de schiste, privée de son odeur incommode et brûlée dans des becs de lampe appropriés à ce combustible éclairant, est l’objet d’une extraction active et d’un commerce considérable. J’ai eu plusieurs fois le plaisir de faire une lampe improvisée en mettant dans un fossé plein de cette huile une mèche formée d’un galon de fil plié en quatre et allumée après qu’elle avait été bien trempée dans le pétrole bitumineux. Il faut un vent assez fort pour éteindre cette lampe naturelle. Une de ces cavités ou fosses natives était dans la plaine de l’Allier, entre cette rivière et les hauteurs qui avoisinent Clermont-Ferrand de ce côté-là. Peut-être depuis ce temps cette localité a-t-elle été exploitée industriellement. La grande