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Heureusement la marche des esprits nous rassure. L’exposition universelle a été visitée et étudiée avec un intérêt inespéré, et quand la presse aura mûri les germes déposés dans les esprits, l’Angleterre et la France pourront s’enorgueillir d’avoir beaucoup fait pour le bien du monde entier par l’intelligence comme par la force. Mme Louise Colet a dit de la Grèce et de la Judée ce vers qui exprime énergiquement une pensée vraie :

Petites nations, mais grandes par l’idée!


La France et l’Angleterre n’auront, en aucun sens, aucune infériorité, et marcheront à la tête du monde civilisé !

Mais revenons à notre sujet. Ne semble-t-il pas qu’avec la création de la lumière, le monde industriel et savant ait assez produit pour se reposer dans la contemplation de ses succès? Ce n’est point pourtant ici, comme l’a dit l’Arioste, l’esprit vivant d’une créature finie,

El vivo spirto della morta spoglia.


Le génie actif de la science travailleuse crie sans cesse à l’homme penseur le mot de Bossuet : « Marche, marche! » Après le gaz, qui avait fait plus que la lampe, on a trouvé la flamme électrique, que deux jeunes et habiles physiciens, MM. Foucault et Fizeau, ont osé comparer au soleil, et qu’ils ont trouvée peu inférieure aux rayons de cet astre, qui, par un léger rapprochement ou un léger éloignement de nos têtes, verse, l’été, la vie végétale et animale à profusion dans notre hémisphère en la retirant de l’hémisphère opposé, tandis que pendant l’hiver il la suspend chez nous pour la porter de l’autre côté de notre globe. Qui n’a pas vu et n’a pas admiré à Paris les ateliers en plein air illuminés, pour des travaux urgens, par des feux électriques, comme ils l’eussent été par la lumière du jour? Faut-il rappeler d’ailleurs l’avantage immense qui résulte, pour les recherches théoriques de l’optique, de cette lumière toujours obéissante reproduisant dans le local le plus inaccessible aux rayons solaires des rayons qui peuvent y suppléer, tandis que pour des signaux télégraphiques la vivacité de ces feux perce l’air brumeux, qui éteint toute autre espèce de rayons?

Encore un mot sur un genre d’illumination qui a précédé l’électricité, que l’électricité a fait abandonner, mais qui peut, dans certains cas, y être substitué avec avantage : c’est la lumière produite par un bâton de craie que l’on plonge dans un gaz incandescent composé d’oxygène et d’hydrogène, et brillant à la sortie du réservoir qui le contient. Je préviens d’avance que, ce réservoir contenant un mélange formidablement explosif, il faut prendre beaucoup