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l’aluminium reste libre. Pour le purifier, il faut le chauffer fortement, et tandis que le chlorure de sodium et l’excès de chlorure d’aluminium se dégagent, il reste dans la nacelle qui a servi à l’opération un culot d’aluminium pur. Pour donner une idée des difficulté-; des opérations chimiques et de l’habileté des chimistes, je dois ajouter que cette expérience, qui est loin de passer dans les laboratoires pour une opération difficile, ne peut se faire à l’air libre, et que l’appareil doit être traversé par un courant de gaz hydrogène pur et sec. Le sodium, sans cette précaution, s’oxyderait et deviendrait incapable de décomposer le chlorure d’aluminium soumis à son influence.

Tel est en gros l’un des procédés de M. Sainte-Claire Deville, qui en a proposé deux autres, consistant, soit à employer l’électricité, soit à faire passer sur le chlore d’aluminium du sodium en vapeur; mais le premier est plus élégant, et, perfectionné, il a pu et pourra donner des quantités considérables d’aluminium, sans trop de dangers et sans trop de difficultés, à un prix qui ne sera pas trop élevé, car ce sont là deux conditions importantes. Sans elles, la préparation de l’aluminium peut être une expérience de laboratoire curieuse, une voie nouvelle ouverte aux inventeurs et aux théoriciens, un renversement de quelques lois de la chimie fort agréable pour les révolutionnaires scientifiques, mais voilà tout. C’est donc de cette dernière question que nous devons nous occuper. Sur les quarante-sept métaux admis aujourd’hui par les chimistes, on n’en peut employer qu’une douzaine à l’état métallique. L’aluminium doit-il être compté parmi eux, et pourra-t-il, par ses propriétés, prendre dans l’industrie un rang important? En d’autres termes, les moyens d’extraire l’aluminium sont-ils susceptibles d’être perfectionnés jusqu’à devenir des procédés industriels? Et enfin quels seront les usages du métal ainsi obtenu?

Deux causes diverses peuvent agir sur le prix d’une substance : la rareté et la difficulté d’extraction. Il est clair d’abord que plus une matière est rare, plus, quand elle est utile, bien entendu, elle est précieuse et chère par conséquent. Si la matière, étant commune au contraire, se trouvant en abondance dans le sein de la terre, ne peut cependant être extraite ou obtenue pure que par des procédés longs, difficiles et coûteux, elle devient chère, pour ainsi dire, artificiellement. Le prix élevé de quelques substances tient à ces deux causes à la fois. Ainsi les diamans sont rares, et les difficultés de la taille les rendent plus précieux encore. L’exploitation des mines d’or est au contraire facile. Ces mines sont peu profondes, et le minerai contient le métal à peu près pur; mais elles sont rares et toujours peu considérables. D’autres corps enfin sont très communs, mais pour les préparer, pour les retirer des composés dont ils font partie, il faut