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L’INDUSTRIE DE LA SOIE


A L’EXPOSITION





S’il est une industrie vraiment française, c’est celle des soies et des soieries. A quelque époque qu’on la prenne, avant comme après nos grandes crises politiques, et sous les régimes les plus divers, au milieu des métamorphoses que la chimie et la mécanique faisaient subir à toutes les fabrications, toujours on la retrouve avec ce caractère national qui la distingue, et que rien n’a pu altérer. D’autres industries ont pu marcher d’un pas timide, demander à la loi du pays les moyens d’exister, se prévaloir de leur faiblesse pour jouir des bénéfices d’un régime particulier, s’assurer des débouchés intérieurs et ne pas prétendre à d’autres conquêtes, imposer à la communauté des sacrifices dont le calcul dépasserait toute croyance, et qui ne semblent pas près de finir : l’industrie des soies et des soieries n’a eu aucune de ces prétentions et de ces défaillances. A peine introduite sur notre sol et dans nos ateliers, elle a fourni la preuve de sa force et ne s’est pas démentie un seul jour. Non-seulement elle n’a point appelé la législation à son aide, ni cherché dans le privilège une garantie et un appui, mais elle a franchi hardiment nos frontières et s’est ménagé, par son action propre, une place dans le monde entier. Quand d’autres fuyaient la lutte, l’industrie des soieries la cherchait, et, de l’aveu même de ses rivaux, l’avantage lui est resté partout où elle a été admise à combattre.

À quoi peut tenir un succès si avéré et si constant? Tout effet de ce genre a une cause, et en matière d’industrie plus qu’ailleurs. La